mardi 1 novembre 2022

1er novembre 2022 : Cinémed 2022


Dans une société, intéressée au bonheur et à la santé mentale de ses membres, mais respectueuse des fragilités de chacun, le théâtre ne devrait-il pas être pratiqué par tous, dès les premières années de l’école et jusqu’à la fin de la vie, comme le sport dont il est une variante parlée ?

(Jean-Pierre Milovanoff, Presque un manège, Julliard, 1998)


Je reviens du Cinémed 2022, le cœur rempli d’images souvent dures (c’est que le monde est rude, spécialement autour de la Méditerranée, thème de ce festival de cinéma), et c’est vrai que la mort jouait un grand rôle dans plusieurs des films vus. Mais doit-on fermer les yeux devant la mort ? Je sais bien qu’aujourd’hui, c’est le mot lui-même qui est quasiment tabou. Mais je ne veux pas faire l’autruche, et préfère regarder la réalité en face. Je suis en fin de vie et je m’attends à disparaître d’un jour à l’autre, même si je souhaite que ce jour reste assez lointain (pas trop quand même, je ne tiens pas à devenir centenaire, sauf si l’état physique et l’état mental se maintiennent à peu près bien).

Le Cinémed comprend entre autres les séries suivantes :

- avant-premières : j’ai vu Pétaouchnok, une comédie française où l’on voit deux précaires (interprétés par Pio Marmaï et Philippe Rebbot) essayer de s’en sortir, dans les Pyrénées orientales, en organisant du tourisme rural, à base de randonnée à cheval et de recherche d’une communion avec la nature. Et j’ai vu aussi Pattie et la colère de Poséidon, un film d’animation pour la jeunesse, sorte de péplum mythologique animé. J’ai beaucoup aimé aussi le film algérien, Houria, l’histoire d’une jeune femme qui fait de la danse et doit renoncer à sa carrière de ballerine à la suite d’une agression.

- compétition de longs métrages : J’ai particulièrement aimé le film palestinien, Fièvre méditerranéenne, qui conte l’histoire d’un Palestinien vivant à Haïfa en Israël, sombrant dans la dépression, alors qu’il voudrait écrire un roman. Le film tunisien, Ashkal, conte l’histoire d’un duo de policiers qui mène une enquête, c’est un film féministe et chaleureux qui a reçu l’Antigone d’or.  

Adelinho, le film marocain montre l’arrivée d’un prédicateur islamiste fanatique qui bouleverse la vie d’un jeune marocain féru du Brésil, de samba et de chanson, tout ce que les islamistes détestent. La stranezza (Italie) raconte un épisode la vie de Luigi Pirandello, à l’époque où il compose sa pièce Six personnages en quête d’auteur. Dirty, difficult, dangerous, explore les difficultés d’un réfugié syrien et de son amour pour une domestique éthiopienne, véritable esclave au Liban : un film salutaire et fort.

- panorama de longs métrages : Delta (Italie), film sombre, violent et très noir, met en place la rivalité des pêcheurs légaux et des clandestins dans le delta du Pô. Burning days (Turquie), tout aussi sombre et violent, narre l’arrivée d’un jeune procureur dans une bourgade turque, qui s’oppose aux notables locaux prêts à tout pour défendre leurs privilèges. Un film très dur et impressionnant !

- compétition de documentaires : le film slovène, Réconciliation parle du code traditionnel qui régit la loi tribale de réconciliation entre les familles albanaises en cas de meurtre.

- rétrospectives : la cinéaste espagnole Icíar Bollaín était à l’honneur, avec neuf films. J’ai revu Même la pluie (2010), qu’elle a tourné en Bolivie et qui raconte l’histoire d’un tournage de film sur Christophe Colomb, la conquête de l’Amérique, et la mise en quasi esclavage des autochtones. Excellent. Tout aussi excellent était son premier film Salut, tu es seule ? (1995). Quant au Mariage de Rosa, sa comédie de 2020, ce fut un des éclats de rire du Festival. 

De la rétrospective Francesco Rosi, je n’ai vu qu’un de ses premiers films (j’avais vu tous les autres), l’étonnant Profession : Magliari, où l’on voit Alberto Sordi et Renato Salvatori, migrants en Allemagne dans les années 50, tenter de se débrouiller pour survivre. 

La Géorgie et le cinéma géorgien aussi étaient à l’honneur, je n’ai vu que Le repentir (1984), qui montre les difficultés de la déstalinisation dans une petite ville dans les années 80. Une belle satire du culte de la personnalité et du mensonge déconcertant.

Au total, un très bon festival.

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