mardi 17 décembre 2024

17 décembre 2024 : Bientôt Noël, dévoiement des fêtes

 

C’était la nouvelle religion, je pensais dans ma tête, la consommation, métaphore connue : les Produits comme dieux, la Publicité comme prophétie, les Hypermarchés comme temples. C’est pas la résurrection du Christ qui allait arrêter ce culte moderne…

(François Ruffin, Leur folie, nos vies : La bataille de l’après, Les liens qui libèrent, 2021)



            Eh bien, voilà revenu l’horrible mois de décembre, que j’ai d’année en année de plus en plus de peine à supporter, avec ces étalages nauséabonds de marchandises étalées, de boutiques surpeuplées, d’incontinence de gloutons, de magasins illuminés, de foules attristantes, de bacchanale de pères Noël de pacotille, de débauche de lumières (alors qu’on nous pousse à faire des économies d’électricité), de cohortes de voitures embouteillant les rues du centre ville (on se tue à nous dire d’éviter de prendre la voiture), tout pour me plaire, quoi ! Où sont la grâce et la simplicité de la Nativité ?

            On en a oublié complètement l’origine de la fête. Dans un pays devenu laïcard, ça ne m’étonne guère. Ça les gêne qu’encore quelques églises, quelques temples, rappellent encore la naissance du Christ dans la pauvreté et la simplicité des messes et cultes de l’Avent. C’est qu’on en oublierait le saint Commerce, le Dieu Argent, le prophète Capital, le Pèze déifié, le Pognon roi…

            Ah, les enfants d’aujourd’hui ne risquent pas, ouvrant la porte de leur chambre, d'avoir la vision d’un Bonhomme Noël déposant les cadeaux sous le manteau de la cheminée, comme nous l’aperçûmes, mon cadet Bernard et moi, à Noël 1951 ! Cette hallucination nous convainquit pour plusieurs années de l’existence du père Noël, puisque, précisément, nous l’avions vu ! Après la mort de mon père et celle de Bernard, j’interrogeai discrètement ma mère en 2004. Je lui racontai l’épisode, lui demandant si Papa s’était déguise en Père Noël, ce 24 décembre-là. Elle m’affirma que non. Je la crois volontiers.

            Tant pis pour nous, ou tant mieux, je ne sais pas. Certes, j’étais très naïf (en ce temps-là, mamie, ma bonne grand-mère qui vivait avec nous me disait ça, ajoutant « tu seras heureux, mon garçon ! Reste naïf toujours, c’est une superbe qualité ! »), et probablement Bernard, pourtant âgé de deux ans de moins, avait su me persuader de la vision, en refermant sans bruit la porte que nous avions ouverte discrètement. Le fait est que je crus au père Noël jusqu’à neuf ans, si ce n’est dix : qui dit mieux ?

            C’est sans doute cette naïveté qui m’a fait croire au miracle pendant la longue maladie de Claire et son agonie, ce qui m’a fait tenir le coup et même rendu plus fort pour assurer ma survie. C’était il y a quinze ans déjà et je continue à penser à elle, car elle est toujours présente dans mon cœur, mon âme, ma pensée. Il m’arrive même de parler d’elle, comme pendant le Café mortel auquel j’ai assisté le 6 décembre dernier chez les Petits frères des pauvres, association où j’ai adhéré en juin dernier et dont je suis devenu bénévole. Un café mortel est un café ou réunion si vous préférez, où l’on parle de son expérience de la fin de vie et de la mort, comme un café philosophique est une réunion où l’on cause de philosophie.

            Outre ma formation de bénévole chez les Petits frères, je suis également les causeries et conférences du CNAV (https://www.cnav-demain.fr/), ou Conseil National autoproclamé de la vieillesse. J’apprends plein de choses et surtout à ne plus avoir peur d’être devenu vieux, et que ce dernier terme n’est pas un gros mot, ni un tabou !