comme
l’ont depuis longtemps compris les Britanniques, « une
personne qui ne souffre ni moralement ni physiquement demande
rarement à mourir ».
(Martin
Winckler, Les
brutes en blanc : la maltraitance médicale en France,
Flammarion, 2016)
Décidément,
la demande d’aide
à mourir,
fortement soutenue par l’Association pour le Droit de Mourir dans
la Dignité – A.D.M.D. (dont Claire était adhérent, et moi à sa
suite) commence à se montrer, notamment au cinéma. On se
souvient du beau film de Stéphane Brizé, Quelques
heures de printemps,
où Vincent Lindon obtint le César du meilleur acteur en 2013, et
dans lequel il campe un personnage qui va accompagner sa mère
(excellente
Hélène Vincent) dans son dernier voyage en
Suisse pour un suicide assisté. Chose
interdite en France, pour l’heure actuelle.
The
Bacchus lady parle
du vieillissement, de la solitude et de la mort. Portrait effarant
d’une société bien malade. Nous sommes en Corée du sud. So Young, l’héroïne, est une
sexagénaire qui se prostitue encore (vu la faiblesse de ses revenus) dans les parcs, aguichant de vieux hommes
(« Vous ne voulez pas vous amuser ? ») et les traînant
dans les chambres d’un hôtel de passe miteux. Elle donne à ses
vieux amants, souvent incapables d’assurer, une boisson
énergisante, appelée the Bacchus lady. Un de ses clients lui ayant
refilé une gonorrhée (MST), elle se retrouve dans un cabinet de
gynécologie, où elle assiste au coup d’éclat d’une Philippine
accompagnée d’un jeune garçon ; la mère agresse et poignarde le médecin (marié bourgeoisement et père de trois enfants légitimes), dont on
comprend qu’il est aussi le père de l’enfant, non
reconnu évidemment. Elle est arrêtée par la police, et So-Young
recueille l’enfant qui s’est enfui. Elle l’emmène dans
l’immeuble où elle occupe un des appartements, et la solidarité
de la petite société qui y vit va l’aider. Car, parallèlement,
So-Young se trouve aux prises avec des vieillards à bout de course qui n’ont qu’une
idée en tête : frappés par le deuil, la décrépitude ou la
maladie, certains lui demandent de les aider à mourir. Je n’en dis
pas plus : allez le voir. C’est un très beau film qui aborde
le problème de la fin de vie, de l’insuffisance des retraites dans un pays pourtant
riche et de la détresse morale des retraités, ainsi que la survie difficile des exclus de toute sorte. Mais aucun
misérabilisme, aucune sinistrose : un constat sec que les
différents personnages (l'enfant, le jeune voisin handicapé, les autres prostituées, la voisine transgenre, les vieillards, superbement croqués) rendent
chaleureusement vivant. Et aussi terrifiant...
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