La
vraie vie, c’est la littérature, la poésie, les poètes. Quel
plaisir matériel peut rivaliser avec ceux de l’esprit ? Un
poème peut faire rire, pleurer, c’est ça qui est merveilleux.
Écoutez, un jeune poète a composé un poème d’un mot, vous
entendez, d’un seul mot. Ça s’appelle
La Vie, et le texte est : "Filet". Qu’est-ce
que vous en dites ? Extraordinaire, non ? Lequel d’entre
vous ne vit pas dans un filet ?
(Chi
Li, Triste
vie,
trad. Shao Baoqing, Actes sud, 2005)
"Putain"
de clim ! Une nouvelle fois, j’ai rechuté avec mon voyage en
train jusqu'à Poitiers, que j’avais pourtant reculé de cinq jours. Mais
la clim des trains est frigorifiante et, bien sûr, j’ai dû subir la clim
chez Odile, mon hôtesse (clim qui se justifiait peu, on a bénéficié de deux jours presque tempérés). Elle-même est
enrhumée : relation de cause à effet ?... Sans compter la clim dans les boutiques et supermarchés,
parfois en-deçà du tolérable. Pauvres caissières obligées de
mettre des polaires alors que c’est la canicule dehors : du
feu, aujourd’hui... Faudra que je pense à me couvrir pour
aller à Venise, car bus jusqu’à Lyon + avion, ça peut faire
mal : et pas question que je récidive si
je veux profiter de mon séjour là-bas !
Surtout
que je n’aurai pas avec moi, comme Musset, une George Sand pour me dorloter !
Juan, le corniste heureux
Heureusement,
il me reste l’amitié. Odile et Georges à Poitiers, passent finalement un mauvais été (à cause de la chaleur ou/et de
leur vieillissement accéléré ?) et m’ont vu venir avec plaisir. Je
leur ai raconté la fête des Landes, l’Aveyron, l’arrivée
ici-même de Juan Camilo, le jeune Colombien, venu voir son ami français, substitut
de "père". On a parlé de ses projets pour les
années futures, des miens aussi et peut-être d'un voyage commun. Juan se débrouille bien, il a obtenu un poste de pion à
mi-temps dans un lycée depuis 2016, donne des leçons de cor à des enfants dans
une école de musique d’une petite ville alsacienne, et participe
de temps en temps à des concerts pour lesquels il est rémunéré, tout en continuant ses études de corniste désormais au Conservatoire de Nancy.
Il vit en colocation avec un Salvadorien, un Chilien et une
Française, fréquente bien évidemment la "colonie"
sud-américaine de Strasbourg. Nous avons regardé un soir Tosca
(Puccini) sur mon téléviseur, un autre soir joué au scrabble, je
l’ai entraîné à l’Utopia voir un film anglais (il connaît ma passion du cinéma),
et il m’a montré comment regarder youtube
sur ma télé et me faire ainsi des concerts de musique et de chanson
ou regarder du théâtre... Car, en technologie actuelle (y compris pour comprendre les possibilités d'un poste de télé connecté), je reconnais que je
suis nul.
Et
puis, Dieu merci, il reste la littérature. Je
viens de découvrir, grâce à Odile, la romancière chinoise Chi Li
(citation en exergue) dont j’ai dévoré le court roman Triste
vie,
une journée dans la vie d’un ouvrier, qui finalement trouve son sort
assez bon, en dépit des problèmes de logement, d’une femme
acariâtre et d’un petit garçon turbulent qu’il doit emmener ce
jour-là au jardin d’enfants et reprendre le soir à son retour. La
vie quotidienne dans toute sa simplicité, avec la petite dose de
révolte et de rêve dans la tête du héros. C’est très beau.
Autre découverte, le romancier québécois Denis Thériault, avec
évidemment un roman qui ne pouvait que me plaire : Le
facteur émotif.
Le héros tombe amoureux par correspondance d’une Guadeloupéenne
qui envoie des haïkus par la poste. Il lui répond aussi en haïkus,
je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue. Mais on a
là un mélange assez rare de quotidienneté réaliste (les relations
du facteur avec ses collègues et surtout son ami Robert si
terre-à-terre) et de légèreté poétique, assorties en fin de
parcours par une percée dans le fantastique. Je l’ai lu d’une
traite. Inutile
de dire que je vous recommande ces deux livres et leurs auteurs !
Vive la lecture !
Et
ce roman m’a redonné envie d’écrire de "vraies lettres,
écrites par de vraies personnes qui préféraient à la reptilienne
froideur du clavier et à l’instantanéité d’Internet le sensuel
acte d’écrire à la main, la délicieuse langueur de l’attente ;
des épistoliers dont c’était le choix délibéré et dont on
devinait parfois qu’ils agissaient selon une question de principe,
une prise de position en faveur d’un mode de vie moins soumis à la
course contre le temps et à l’obligation d’être performant"
(extrait du livre). D’ailleurs, je reçois pas mal de cartes
postales, signe que mon habitude d’en envoyer beaucoup donne ses
fruits : des réponses (notamment à mes cartes de Cuba) !
Et utilisant un canal bien démodé, à mille lieues des "nouvelles
technologies" triomphantes. Mais qui font d’ouvrir sa boîte à
lettres un plaisir inégalé.
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