samedi 4 août 2018

4 août 2018 : Poète, vos papiers !



Il a fait un recueil de vers il y a quelques années, une maladie très répandue dans ces contrées.
(Ernesto Che Guevara, Second voyage à travers l’Amérique latine, 1953-1956, trad. Martine Thomas, Mille et une nuits, 2002)




Décidément, Israël n’en rate pas une. Non content d’avoir arraisonné la Flottille de la Liberté (j’attends encore la protestation de notre président, puisqu’il y avait deux Français à bord), non content d’avoir emprisonné pendant huit mois une jeune fille mineure pour une gifle donnée à des soldats (et comment ne pas avoir envie de donner des gifles à cette soldatesque qui vous contrôle pour un oui, pour un non ?), voici maintenant que la jeune Palestinienne Dareen Tatour écope de cinq mois de prison pour avoir écrit des vers jugés terroristes : "Résiste, mon peuple, résiste-leur, résiste au pillage des colons et suis la caravane des martyrs". Hou là là, que ces mots sont alarmants, graves, effrayants, inquiétants, pour un état dont la police et l’armée sont les plus puissantes du monde, et qu’ils justifient une aussi lourde peine ! C’est peut-être ça, la démocratie...

Incarcérée à la prison de Jelemel, Dareen a écrit ceci :

L’âme demande qui je suis
Je suis la confession de la conscience
Quelqu’un qui révèle la question



Je relis Najwan Darwich, poète palestinien (pas encore assassiné par les services secrets israéliens comme le furent les écrivains Ghassan Kanafani en 1972 et Kamal Nasser en 1973 ; enfin, y a du mieux, on se contente d’en mettre en prison !), et vous livre un de ses poèmes :

Réveillé

Réveillé dans plus d’une éternité
Et avant l’éternité
Mon réveil est la vague qui écume
Réveillé dans les chants religieux et dans la passion des facteurs
Réveillé dans une maison qui va être démolie
Dans une tombe qui va être balayée par une pelleteuse
Dans un pays qui est la vague écumante
Réveillé pour que le gens dorment
Réveillé pour que les colons s’en aillent
Il faut dormir, dit-on
Réveillé
Et prêt à mourir.

(Najwan Darwich, Je me lèverai un jour, Al-Feel, 2012)

Aucun commentaire: