Il pleuviote encore ce vendredi matin alors que je dors cette fois jusqu'à 7 h 30 passées ! Est-ce l'effet Barran ? L'effet accueil Christiane ? Je fais ma toilette, m'habille et descends déjeuner... Je fais mes adieux à cette charmante hôtesse et à ce non moins joli village.
En route pour Seissan. On m'a conseillé, hier au soir, de prendre par le sud, par L'Isle de Noé. Ma foi, pourquoi pas ? Le nom du patelin est doux à prononcer, et on imagine bien Noé, sa femme, non nommée dans la Bible et ses trois fils, Sem, Cham et Japhet, construisant dans les parages de la Baïse la fameuse arche qui sauva le genre humain. Arche transformée en île par la suite ! Côte d'abord, puis route légèrement sinueuse. J'aperçois dans le village un beau château du XVIIIe. J'apprends que le dessinateur et caricaturiste romantique Cham est justement natif de cette localité, qui a dû lui donner l'idée de son pseudonyme.
Puis soleil... Je profite d'une ascension, ou plutôt du sommet d'une côte pour jeter un œil sur mon téléphone portable. J'ai justement un message m'avisant de passer à la bibliothèque de Seissan avant midi pour qu'on prenne les dernières dispositions. J'appelle la bibliothécaire, Françoise, qui me signale que je suis attendu comme le messie par la journaliste du Petit journal qui veut photographier mon arrivée, comme pour un grand du Tour de France !
Ce qui est fait, puis je découvre la magnifique bibliothèque, récemment inaugurée.
Paul (de son vrai prénom Marcel) fut le chauffeur du bibliobus pendant ma période gersoise. Il finit d'ailleurs sa carrière à la BDP il y a quinze ans. Il a donc treize ans de plus que moi. Je l'ai recruté en novembre 1973, et n'ai eu qu'à me louer de ses services. Discret et efficace, il conduisait très bien, et ne rechignait pas à la besogne, pourtant assez rude : on se coltinait des bacs de livres, du bibliobus aux dépôts dans les communes, et c'était fort lourd. Et il y avait tout le reclassement des fiches dans les livres pendant les tournées, avant de repartir. Je l'accompagnais une ou deux fois par semaine en tournée. Heures parfois grandioses ou surprenantes, comme la fois où, en croyant lui faire prendre un raccourci, je nous ai embarqués sur un chemin de terre où nous nous embourbâmes, et où un paysan dut nous tracter.
J'ai donc été son coéquipier pendant toutes ces années qui m'ont fait rêver d'avoir un jour une Rolls-Royce avec un chauffeur comme lui. Au fond, j'étais fait pour être milliardaire !
Or, c'est lui qui me reçoit, avec son épouse, Mimi (j'ignore son vrai prénom), dans leur petite maison d'Ornézan, entourée d'un verger et d'un jardin. Ils élèvent quelques volailles. Je me douche avant de passer à table, car j'ai encore attrapé une suée mémorable, et Mimi me propose de compléter leur machine à laver avec mon linge plein de sueur. A table, nous devisons du bon vieux temps, "les meilleurs moments de ma vie", dit Paul avec quelque exagération. De leurs enfants et petits-enfants, des joies et des peines.
Puis je m'éclipse pour un repos mérité. Je termine la lecture des âmes fortes, et suis tout surpris de voir Giono retomber sur ses pieds, tant le roman paraît impossible à achever ; il garde tout son mystère, une fois la lecture terminée, c'est du grand art, un peu la Joconde en littérature. Sur ce, je m'assoupis et me réveille en entendant une voix féminine.
Isis est là. Isis, c'est Denise S., une de mes anciennes élèves qui a passé le certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire sous ma direction en 1994, et qui est employée un jour par semaine à la Bibliothèque de Seissan et le reste du temps comme assistante scolaire à l'école d'Ornézan, où elle habite dans l'ancienne maison de Paul, rachetée par la commune et transformée en appartements sociaux. Mais elle est aussi conteuse, d'où ce pseudonyme d'Isis. Elle est hélas malade, une minerve autour du cou, et ne pourra pas assister à mes lectures, à son grand regret. Nous évoquons aussi le temps passé, elle me propose des poèmes à lire tout à l'heure. Paul l'invite à dîner.
Puis je reprends mon vélo et mes textes pour rejoindre Seissan. J'y retrouve la bibliothécaire, Anne-Marie, de la BDP, les journalistes de La dépêche du Midi et de Sud-ouest qui me photographient et m'interviewent.
La salle a été joliment préparée, et Rossinante, appuyée contre la grande table ovale près de l'immense baie vitrée, se repose nonchalamment.
Bientôt les auditeurs arrivent, dont Paul et Mimi. Je lis avec plaisir, à peine troublé par les enfants présents.Paul a invité aussi Anne-Marie, avec qui j'avais également travaillé de 1979 à 1981. Soirée sympathique, toute en douceur et en frémissements. Isis nous parle du Brésil, où son mari brésilien est reparti définitivement. Mais je n'attarde pas trop les conversations, sachant que demain, la balade vélocypédique sera plus longue et plus rude aussi, puisque je vais traverser les contreforts entre plusieurs vallées. On se reverra, dès demain avec Anne-Marie, qui doit encore représenter la BDP à L'Isle-Jourdain.
En route pour Seissan. On m'a conseillé, hier au soir, de prendre par le sud, par L'Isle de Noé. Ma foi, pourquoi pas ? Le nom du patelin est doux à prononcer, et on imagine bien Noé, sa femme, non nommée dans la Bible et ses trois fils, Sem, Cham et Japhet, construisant dans les parages de la Baïse la fameuse arche qui sauva le genre humain. Arche transformée en île par la suite ! Côte d'abord, puis route légèrement sinueuse. J'aperçois dans le village un beau château du XVIIIe. J'apprends que le dessinateur et caricaturiste romantique Cham est justement natif de cette localité, qui a dû lui donner l'idée de son pseudonyme.
Puis soleil... Je profite d'une ascension, ou plutôt du sommet d'une côte pour jeter un œil sur mon téléphone portable. J'ai justement un message m'avisant de passer à la bibliothèque de Seissan avant midi pour qu'on prenne les dernières dispositions. J'appelle la bibliothécaire, Françoise, qui me signale que je suis attendu comme le messie par la journaliste du Petit journal qui veut photographier mon arrivée, comme pour un grand du Tour de France !
Ce qui est fait, puis je découvre la magnifique bibliothèque, récemment inaugurée.
(le cyclo-lecteur arrive à la bibliothèque, photo Anne-Marie Turon)
Une salle au premier étage pourra accueillir mes lectures prévues à 18 h 30. J'ai donc largement le temps d'aller retrouver une vieille connaissance.Paul (de son vrai prénom Marcel) fut le chauffeur du bibliobus pendant ma période gersoise. Il finit d'ailleurs sa carrière à la BDP il y a quinze ans. Il a donc treize ans de plus que moi. Je l'ai recruté en novembre 1973, et n'ai eu qu'à me louer de ses services. Discret et efficace, il conduisait très bien, et ne rechignait pas à la besogne, pourtant assez rude : on se coltinait des bacs de livres, du bibliobus aux dépôts dans les communes, et c'était fort lourd. Et il y avait tout le reclassement des fiches dans les livres pendant les tournées, avant de repartir. Je l'accompagnais une ou deux fois par semaine en tournée. Heures parfois grandioses ou surprenantes, comme la fois où, en croyant lui faire prendre un raccourci, je nous ai embarqués sur un chemin de terre où nous nous embourbâmes, et où un paysan dut nous tracter.
J'ai donc été son coéquipier pendant toutes ces années qui m'ont fait rêver d'avoir un jour une Rolls-Royce avec un chauffeur comme lui. Au fond, j'étais fait pour être milliardaire !
Or, c'est lui qui me reçoit, avec son épouse, Mimi (j'ignore son vrai prénom), dans leur petite maison d'Ornézan, entourée d'un verger et d'un jardin. Ils élèvent quelques volailles. Je me douche avant de passer à table, car j'ai encore attrapé une suée mémorable, et Mimi me propose de compléter leur machine à laver avec mon linge plein de sueur. A table, nous devisons du bon vieux temps, "les meilleurs moments de ma vie", dit Paul avec quelque exagération. De leurs enfants et petits-enfants, des joies et des peines.
Puis je m'éclipse pour un repos mérité. Je termine la lecture des âmes fortes, et suis tout surpris de voir Giono retomber sur ses pieds, tant le roman paraît impossible à achever ; il garde tout son mystère, une fois la lecture terminée, c'est du grand art, un peu la Joconde en littérature. Sur ce, je m'assoupis et me réveille en entendant une voix féminine.
Isis est là. Isis, c'est Denise S., une de mes anciennes élèves qui a passé le certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire sous ma direction en 1994, et qui est employée un jour par semaine à la Bibliothèque de Seissan et le reste du temps comme assistante scolaire à l'école d'Ornézan, où elle habite dans l'ancienne maison de Paul, rachetée par la commune et transformée en appartements sociaux. Mais elle est aussi conteuse, d'où ce pseudonyme d'Isis. Elle est hélas malade, une minerve autour du cou, et ne pourra pas assister à mes lectures, à son grand regret. Nous évoquons aussi le temps passé, elle me propose des poèmes à lire tout à l'heure. Paul l'invite à dîner.
Puis je reprends mon vélo et mes textes pour rejoindre Seissan. J'y retrouve la bibliothécaire, Anne-Marie, de la BDP, les journalistes de La dépêche du Midi et de Sud-ouest qui me photographient et m'interviewent.
La salle a été joliment préparée, et Rossinante, appuyée contre la grande table ovale près de l'immense baie vitrée, se repose nonchalamment.
(le cyclo-lecteur monte sa Rossinante dans la salle de lecture, photo Anne-Marie Turon)
Bientôt les auditeurs arrivent, dont Paul et Mimi. Je lis avec plaisir, à peine troublé par les enfants présents.Paul a invité aussi Anne-Marie, avec qui j'avais également travaillé de 1979 à 1981. Soirée sympathique, toute en douceur et en frémissements. Isis nous parle du Brésil, où son mari brésilien est reparti définitivement. Mais je n'attarde pas trop les conversations, sachant que demain, la balade vélocypédique sera plus longue et plus rude aussi, puisque je vais traverser les contreforts entre plusieurs vallées. On se reverra, dès demain avec Anne-Marie, qui doit encore représenter la BDP à L'Isle-Jourdain.
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