l’époque
du capitalisme ouverte après-guerre est celle d’une guerre
générale contre le vivant, guerre qu’il mènera jusqu'au dernier
instant car c’est une condition impérative de sa survie.
(Jean-Marc
Royer, Le
monde comme projet Manhattan. Des laboratoires du nucléaire à la
guerre généralisée au vivant,
Le Passager clandestin, 2017)
Je
suis également abonné au journal mensuel L’âge
de faire,
et ce, pratiquement depuis ses débuts (2005), car nous participions
assidûment, Claire (malgré sa maladie) et moi, à toutes les
tentatives pour créer un monde nouveau, libéré de l’argent, de
la super-productivité agricole (ce pourquoi nous étions membres
d’un jardin collectif associatif, qui me manque beaucoup à
Bordeaux), du diktat technologique dont nous voyions la pointe du nez
et qui désormais est en train de nous broyer (en tout cas, nous les
vieux,
qui ne pouvons plus suivre, mais aussi bien les jeunes, complètement
asservis à leur extension digitale, et dont beaucoup m’apparaissent
comme des zombies)…
J’ai participé à la vente militante du journal lors de salons bio (Poitiers,
Bordeaux, où j’ai eu le plaisir de rencontrer Alain Juppé et de lui
vendre quelques exemplaires de la revue) en me portant volontaire
pour tenir le stand avec quelques autres. Je suis d’autant plus
surpris (mais ça ne m’étonne pas), de voir qu’il est
sous-représenté dans les abonnements des Bibliothèques
universitaires en France : 25 seulement y sont abonnées soit
dix fois moins que l’Obs
par exemple, et sans doute des bibliothèques municipales, absent
au catalogue de la Médiathèque de Bordeaux, par exemple.
Chaque
numéro comprend un courrier des lecteurs , des articles de fond sur
des sujets divers parfois réunis en dossiers (ce mois-ci, sur le
sport-spectacle, un pur régal pour
ceux qui, comme moi, détestent le sport de compétition, "machine
monstrueuse qui engendre des monstres", tant sur les terrains
que dans les tribunes1)
concernant l’écologie, la défense de l’environnement et des
services publics, les savoir-faire perdus et nouveaux, la critique du
productivisme tout azimut, le travail coopératif, les médecines et
gymnastiques non-conventionnelles, le jardinage, les OGM et les
animaux, l’éducation, des portraits sur des personnalités peu
connues que vous ne trouverez pas ailleurs, des recettes de cuisine
(ce mois-ci, le flan thaï à la courge butternut, un régal aussi),
des critiques de livres et
des conseils pour vivre mieux.
Ce
périodique associatif est vendu presque exclusivement sur abonnement
ou sur des stands, quand le coût de l’emplacement n’est pas
abusif pour l’association. Voilà
donc qui complète, sur d’autres plans, mes lectures de La
décroissance,
et des quelques livres et penseurs d’aujourd’hui qui présentent
une critique constructive du "progrès".
1 Cf
le regretté Albert Jacquard : "Quand nos ancêtres allaient à
la chasse au bison, l’important, c’était pas qu’ils soient,
individuellement, plus forts que l’autre, mais qu’ils soient,
collectivement, plus forts que le bison. Par conséquent, je ne vois
guère la nature humaine justifier ce désir de l’emporter sur
l’autre".
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