dimanche 4 mars 2018

4 mars 2018 : le poète du mois : Omar Youssef Souleymane


le paradis n’est pas le lieu où sont les morts, c’est le lieu où nous, les vivants, voulons les mettre. Tu veux que je te dise ce que c’est que le paradis ? c’est le souvenir, ma fille, rien de plus, le souvenir, beau ou laid, que nous gardons d’eux.
(Abilio Estévez, Le navigateur endormi, trad. Alice Seelow, Grasset, 2010)


Le printemps des poètes a démarré à Bordeaux, et de belle façon, par la venue à la Bibliothèque des Capucins d’Omar Youssef Souleymane et de son éditrice, directrice du Temps des cerises. Omar Youssef Souleymane a fui la Syrie, où ses jours étaient menacés et a trouvé l’asile en France. Je l’ai rencontré pour la première fois en juin 2014, au Marché de la poésie de Saint-Sulpice, où il présentait son recueil La mort ne séduit pas les ivrognes (Éd. L’Oreille du loup, 2014). Nous avions sympathisé, depuis nous nous envoyons régulièrement des mails. Je l’ai donc retrouvé avec une grande joie. Il a lu quelques poèmes en arabe et sa traductrice en a lu les versions françaises. Un joli public, attentif et chaleureux, tout acquis à la problématique des réfugiés.


Voici donc, tiré de son dernier recueil paru, Loin de Damas (Le Temps des cerises, 2016) un de ses poèmes traduit par Salah Al Hamdani et Isabelle Lagny :

AU PRINTEMPS

Personne ne connaît le printemps aussi bien que l’exilé
Il voit la fleur avec l’œil d’une fillette dans un temps troqué
Le cyprès, comme une mère malade
et le clocher de l’église, comme un obus

Dans la forêt
des regards délivraient des convoitises humides
scellées à un fil de lumière

Il y avait aussi des regards au-dehors qu’on me lançait
à travers la fenêtre de la maison familiale
Au printemps cette année-là
personne ne savait que l’exil me poignarderait


[Bien entendu, Omar Youssef Souleymane est peu présent dans les catalogues de bibliothèques, et même absent complètement du SUDOC, catalogue général de l'ensemble des bibliothèques universitaires françaises !]

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