Elle veut dire sans dire
avoue l'indicible
plus qu'elle ne le formule
(Catherine Baptiste, Silence s'entend, Ed. du Cygne, 2025)
J'ai la chance de connaître et de pratiquer l'amitié avec quelques poètes, femmes ou hommes, vivants. Parmi elles, Catherine Baptiste, de Poitiers, que je connais depuis les années 2000. J'apprécie beaucoup son écriture et suis toujours très heureux de voir une nouvelle parution de ses poèmes.
Tout ça pour introduire un poète mort dans mes poèmes du mois. Mais ce n'est que partie remise pour Catherine Baptiste, qui est encore jeune (je pourrais être son père) et qui a encore beaucoup à nous apporter. Quant à Michaux, son poème me parle, j'espère qu'il vous parlera auss !
EMPORTEZ-MOI
Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle,
Dans l'étrave, ou si l'on veut, dans l'écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin.
Dans l'attelage d'un autre âge.
Dans le velours trompeur de la neige.
Dans l'haleine de quelques chiens réunis.
Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.
Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,
Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,
Sur les tapis des paumes et leur sourire,
Dans les corridors des os longs et des articulations.
Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.
L'espace du dedans (Gallimard, 1998)
Henri MICHAUX
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