Celui
qui épouse son temps sera vite veuf.
(Joseph
Brodsky)
Mes
chers amis, si vous avez de l'argent de trop, et pas forcément envie
de le donner aux impôts, vu ce que nos gouvernants en font, je vous
invite fortement à soutenir La
quinzaine littéraire,
le bimensuel de Maurice Nadeau (102 ans, toujours bon œil, à défaut
de bon pied). Maurice Nadeau est un des plus fins éditeurs de
l'après-guerre. Ce grand résistant (il échappa de peu à la
déportation), qui fut de tous les combats politiques (Manifeste
des 121
en 1960), a fondé sa revue en 1966, et cette revue exigeante m'a
fait découvrir nombre d'auteurs près desquels je serai passé sans
les connaître. Sa maison d'édition Les Lettres nouvelles, puis Éd.
Maurice Nadeau, a fait connaître en France des écrivains tels,
entre autres, que le Polonais Gombrowicz, l'Africain du sud Coetzee
(prix Nobel en 2003), le Suédois Stig Dagerman, l'Argentin Hector
Bianciotti, le Gallois Malcolm Lowry, le Sicilien Leonardo Sciascia
ou les Français Claire Etcherelli, Michel Houellebecq, Angelo
Rinaldi... Bref, un découvreur. Mais à l'heure où plus personne –
ou presque – ne lit, du moins de la littérature, le bimensuel bat
de l'aile et a sérieusement besoin d'être renfloué. Vous pouvez
donc envoyer vos dons et recevrez un reçu fiscal, ce sera une bonne
œuvre de mécénat (site internet :
http://www.quinzaine-litteraire.presse.fr/quinzaineenperil.php).
Parmi
mes dernières lectures, une pièce de théâtre de Balzac : Le
faiseur.
On sait que Balzac, comme Flaubert, n'a pas eu de chance ni de
succès au théâtre. C'est une comédie réjouissante (si on veut,
car le héros, au bord de la ruine, est prêt à vendre sa fille
unique à un mari qu'il croit riche !) sur le monde de la
spéculation, où rien ne semble avoir changé depuis les années
1830. Le "faiseur" en question serait un "trader" aujourd'hui. J'ai
relevé cette remarque d'un des personnages, Minard :
"Oh
! la misère !... elle a dévoré peut-être autant de belles
amours que de beaux génies ! Avec quel respect nous devons
saluer les grands hommes qui la domptent, ils sont deux fois plus
grands !"...
Et
au cinéma, puisque le catholicisme est à la mode (voir les soi-disant « manifs
pour tous », qu'ils noyautent avec vigueur, ça fait peur au
bon vieux parpaillot laïque que je suis), ne manquez pas Paradis :
foi,
le deuxième volet de la trilogie autrichienne sur les trois vertus
théologales d'Ulrich Seidl. Paradis :
amour,
le premier, dénonçait justement l'absence d'amour dans le monde
actuel. Le deuxième dénonce la caricature de la foi, quand on est
dans l'intégrisme pur et dur : l'héroïne passe son temps à
courir les appartements pour convertir les gens (scènes assez crignolesques), mais n'est même pas capable d'assumer la lourde charge
de s'occuper de son mari paraplégique. Elle chante l'amour, mais ne peut pas le
pratiquer. Un film impitoyable !
Comme
disait Paul
Éluard,
"Il
n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous."
Pour en terminer avec le mariage – promis, je n'en parlerai plus !
– le masque est tombé dimanche, dans les interviews que je lis
dans la presse ; on voit clairement – et ils ne s'en cachent
plus – que derrière le mariage à réserver aux « normaux »
selon les cathos, le débat porte bien sur l'apparition trop voyante
des homosexuels dans la vie publique : on va donc bientôt les
voir s'embrasser à la sortie de la mairie. Ah ! s'ils pouvaient
rester dans leur placard, comme tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes ! La palme d'or de Cannes va-t-elle
modifier la donne ? Je viens de lire le petit pamphlet Le
mariage est une mauvaise action,
de Voltairine de Cleyre, une féministe américaine du début du XXe
siècle, où elle dénonçait la "relation de dépendance
permanente" que créait alors le mariage, "moyen le plus facile, le plus sûr et le plus répandu de tuer l'amour." Rien de changé
aujourd'hui, et je suis assez d'accord avec elle, d'où les si nombreuses mésententes, haines conjugales et les fréquents divorces. Mais si de nouvelles sortes de
couples veulent se mettre dans ce type de dépendance, pourquoi les en
empêcher ?
En attendant, sauvons La
quinzaine littéraire !
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