À
partir du XIXème siècle, parallèlement à l’essor du capitalisme
industriel, la lutte contre le froid est devenue un immense marché
qui a certes atténué certaines souffrances et modifié les normes
de confort, mais au pris d’une gabegie écologique et énergétique
immense. Un nouveau besoin de chauffage individuel, largement
identifié au confort moderne, naît et se démocratise, qui aboutit
aux dérives absurdes de la climatisation généralisée et des
appartements surchauffés.
(François
Jarrige, La décroissance, N° 158,
avril 2019)
Au
secours, il fait encore chaud ! On va pouvoir faire des
économies d’énergie, à moins que la clim (que je n'ai pas, mais les boutiques et autres lieux publics en regorgent) ne continue à marcher à
fond… Question : quand va-t-on lancer notre chauffage
collectif ? Personnellement, j’attendrai bien jusqu’au 1er
novembre, vu les températures actuelles. Pour l’instant, ça ne
descend pas au-dessous de 20 ou 21° chez moi ! À quoi bon se lancer
dans un chauffage insensé ? Les gens n’ont qu’à se
couvrir. C’est quand même anormal de passer tout l’hiver en
t-shirt à l’intérieur et de ne se couvrir d’un pull que pour
sortir. Quand j’étais petit, on gardait le pull à la maison
d’octobre à avril. On n’en mourait pas, que je sache…
Sur
un autre sujet, qui est en fait le même, c’est-à-dire la
dictature de la technologie sur nos vies, Alain
Damasio notait dans Siné Mensuel
(N° 85, avril 2019) que "les Gafa n’essaient pas de
nous contraindre à faire ceci ou cela. Ils nous donnent simplement
un ensemble d’outils qui nous permettent de maximiser notre
auto-aliénation. J’appelle ça le « self-serf-vice ».
Applis, smartphone, bijoux connectés, jeux vidéo addictifs… Nous
y plongeons avec délice tout en sentant très bien les degrés de
liberté qu’on y perd. Comme si la liberté, par son ampleur et ses
possibilités, nous terrorisait…" Encore aujourd’hui, dans
le tram, je regardais ces jeunes (et moins jeunes) autour de moi
l’œil vissé sur leur petite machine à main. Préférant la
compagnie d’une machine à celle des êtres humains autour d’eux :
plus de regard, plus de parole, une vie immobile plongée dans le
virtuel. Plus loin sur le trajet du tram à chez moi, je croise trois
jeunes (garçons, environ 15 ans), et je les suis, écoutant leur
conversation, car eux au moins avaient leurs smartphones dans les
poches ; ça portait sur une fille, l’un des trois prétendait
espérer sortir avec elle ; le langage était d’une pauvreté
affligeante (on était à mille lieues de Marivaux), que peuvent-ils bien apprendre en classe ? Au moins
tentaient-ils de sortir de l’isolement créé par le numérique...
Et
après on s’étonne qu’un beau jour, des rebelles apparaissent :
le même Alain Damasio notait aussi que les "gilets jaunes ne
deviennent pas agressifs par hasard ! Ils ont subi des vagues
continues de violence quotidienne – économique, symbolique,
physique – qui se compacte en une colère sédimentée qui n’avait
jamais pu ou osé sortir. Cette violence-là est archisaine !"
Ils se battent pour qu'un monde vivant nous soit rendu. Christophe
Cailleaux, dans le dernier n° de La Décroissance (octobre
2019) ajoute, à propos de l’école, que "cette industrie de
l’éducatif numérique [est] aussi un moyen de supprimer des
postes, de gérer le personnel et les élèves de manière
rationnelle, de nous soumettre à un management par l’instabilité,
puisqu’en permanence on nous fait comprendre qu’on est incapables
de faire notre métier, qu’il faut se remettre sans arrêt en
question et s’adapter aux nouvelles technologies". Et ceux qui
ne peuvent pas (ou ne veulent pas) sont éjectés du système. C’est
ainsi qu’un homme (47 ans), victime d’un burn-out, a abouti dans notre tour,
en congé de longue durée et, me dit-il, "incapable de continuer dans
un monde du travail livré au harcèlement permanent". Il a obtenu le statut d'handicapé !!!
Et
voilà qu’en plus Christophe Cailleaux rappelle le drame de "ceux
qui se retrouvent marginalisés parce qu’ils n’ont pas internet,
alors que les institutions passent de plus en plus par le numérique,
que ce soit les impôts, Pôle emploi, la CAF, etc", ce qui les rend
incapables de gérer leur propre vie. Puisque bientôt tout passera
par ce fameux numérique, pourtant énorme consommateur d’énergie
(le stockage des données est énergivore, et d'énormes serveurs ont été installés dans les pays froids), et prédateur de la
planète de par la quantité de métaux rares qu’il faut dans un
smartphone et autres outils numériques. Prédation qui s'ajoute à celle
qu’apporte l’explosion du transport électrique individuel en
ville : "les caractéristiques physico-chimiques de ces
batteries [des trottinettes électriques], en général au plomb ou
lithium-ion, sont comparables à celles des automobiles. […] nombre
de leurs composants, silicium, nickel, manganèse, cobalt (en grande
partie venus du Congo, un des pays les plus corrompus au monde…)
participent à la prédation de la terre" (Alain Gras, La
décroissance, N°163, octobre 2019).
Heureusement qu'il reste encore des magazines libres et critiques, parce que si on devait uniquement compter sur BFM TV et autres chaînes de télé pour s'informer ! Sur
ce, je vous laisse pendant quinze jours pour observer de plus près
les méfaits de notre civilisation en milieu rural (Aveyron) puis
urbain (Montpellier)…
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