dimanche 13 octobre 2019

13 octobre 2019 : prédateurs !


À partir du XIXème siècle, parallèlement à l’essor du capitalisme industriel, la lutte contre le froid est devenue un immense marché qui a certes atténué certaines souffrances et modifié les normes de confort, mais au pris d’une gabegie écologique et énergétique immense. Un nouveau besoin de chauffage individuel, largement identifié au confort moderne, naît et se démocratise, qui aboutit aux dérives absurdes de la climatisation généralisée et des appartements surchauffés.
(François Jarrige, La décroissance, N° 158, avril 2019)


Au secours, il fait encore chaud ! On va pouvoir faire des économies d’énergie, à moins que la clim (que je n'ai pas, mais les boutiques et autres lieux publics en regorgent) ne continue à marcher à fond… Question : quand va-t-on lancer notre chauffage collectif ? Personnellement, j’attendrai bien jusqu’au 1er novembre, vu les températures actuelles. Pour l’instant, ça ne descend pas au-dessous de 20 ou 21° chez moi ! À quoi bon se lancer dans un chauffage insensé ? Les gens n’ont qu’à se couvrir. C’est quand même anormal de passer tout l’hiver en t-shirt à l’intérieur et de ne se couvrir d’un pull que pour sortir. Quand j’étais petit, on gardait le pull à la maison d’octobre à avril. On n’en mourait pas, que je sache…
Sur un autre sujet, qui est en fait le même, c’est-à-dire la dictature de la technologie sur nos vies, Alain Damasio notait dans Siné Mensuel (N° 85, avril 2019) que "les Gafa n’essaient pas de nous contraindre à faire ceci ou cela. Ils nous donnent simplement un ensemble d’outils qui nous permettent de maximiser notre auto-aliénation. J’appelle ça le « self-serf-vice ». Applis, smartphone, bijoux connectés, jeux vidéo addictifs… Nous y plongeons avec délice tout en sentant très bien les degrés de liberté qu’on y perd. Comme si la liberté, par son ampleur et ses possibilités, nous terrorisait…" Encore aujourd’hui, dans le tram, je regardais ces jeunes (et moins jeunes) autour de moi l’œil vissé sur leur petite machine à main. Préférant la compagnie d’une machine à celle des êtres humains autour d’eux : plus de regard, plus de parole, une vie immobile plongée dans le virtuel. Plus loin sur le trajet du tram à chez moi, je croise trois jeunes (garçons, environ 15 ans), et je les suis, écoutant leur conversation, car eux au moins avaient leurs smartphones dans les poches ; ça portait sur une fille, l’un des trois prétendait espérer sortir avec elle ; le langage était d’une pauvreté affligeante (on était à mille lieues de Marivaux), que peuvent-ils bien apprendre en classe ? Au moins tentaient-ils de sortir de l’isolement créé par le numérique...


Et après on s’étonne qu’un beau jour, des rebelles apparaissent : le même Alain Damasio notait aussi que les "gilets jaunes ne deviennent pas agressifs par hasard ! Ils ont subi des vagues continues de violence quotidienne – économique, symbolique, physique – qui se compacte en une colère sédimentée qui n’avait jamais pu ou osé sortir. Cette violence-là est archisaine !" Ils se battent pour qu'un monde vivant nous soit rendu. Christophe Cailleaux, dans le dernier n° de La Décroissance (octobre 2019) ajoute, à propos de l’école, que "cette industrie de l’éducatif numérique [est] aussi un moyen de supprimer des postes, de gérer le personnel et les élèves de manière rationnelle, de nous soumettre à un management par l’instabilité, puisqu’en permanence on nous fait comprendre qu’on est incapables de faire notre métier, qu’il faut se remettre sans arrêt en question et s’adapter aux nouvelles technologies". Et ceux qui ne peuvent pas (ou ne veulent pas) sont éjectés du système. C’est ainsi qu’un homme (47 ans), victime d’un burn-out, a abouti dans notre tour, en congé de longue durée et, me dit-il, "incapable de continuer dans un monde du travail livré au harcèlement permanent". Il a obtenu le statut d'handicapé !!!
Et voilà qu’en plus Christophe Cailleaux rappelle le drame de "ceux qui se retrouvent marginalisés parce qu’ils n’ont pas internet, alors que les institutions passent de plus en plus par le numérique, que ce soit les impôts, Pôle emploi, la CAF, etc", ce qui les rend incapables de gérer leur propre vie. Puisque bientôt tout passera par ce fameux numérique, pourtant énorme consommateur d’énergie (le stockage des données est énergivore, et d'énormes serveurs ont été installés dans les pays froids), et prédateur de la planète de par la quantité de métaux rares qu’il faut dans un smartphone et autres outils numériques. Prédation qui s'ajoute à celle qu’apporte l’explosion du transport électrique individuel en ville : "les caractéristiques physico-chimiques de ces batteries [des trottinettes électriques], en général au plomb ou lithium-ion, sont comparables à celles des automobiles. […] nombre de leurs composants, silicium, nickel, manganèse, cobalt (en grande partie venus du Congo, un des pays les plus corrompus au monde…) participent à la prédation de la terre" (Alain Gras, La décroissance, N°163, octobre 2019).


Heureusement qu'il reste encore des magazines libres et critiques, parce que si on devait uniquement compter sur BFM TV et autres chaînes de télé pour s'informer ! Sur ce, je vous laisse pendant quinze jours pour observer de plus près les méfaits de notre civilisation en milieu rural (Aveyron) puis urbain (Montpellier)… 
 

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