Des
gens quittent leur pays pour mille raisons : pour sauver leur vie,
pour manger, pour vivre décemment, pour fuir des persécutions, à
cause d’une pénurie, à cause de leur religion, à cause de leur
orientation sexuelle...
(Éric
Pessan, Dans la forêt de Hokkaïdo,
L’école
des loisirs, 2017)
J’attendais
ce film avec impatience, et je dois dire qu’il ne m’a pas déçu.
Libre relate deux
années environ de la vie de Cédric Herrou, un de ces Français
admirables (si, si, il en existe !) qui font que je n’ai pas honte
d’être français. Il se trouve que ce matin même, à la radio,
j’entendais que selon un sondage, 74 % des Français sont
hostiles à "l’accueil de l'Aquarius", soi-disant toutes
sensibilités politiques confondues (même la France insoumise serait
à 53 % ou quelque chose comme ça…). Je sais bien ce qu’il
faut penser de la radio et des sondages : c’est bien souvent
du vent ! Cependant, je trouve étonnant d’une part, qu’ils
aient sorti ce sondage, en même temps que le film, d’autre part,
qu’ils aient cru bon d’ajouter le score des "Insoumis".
Comme pour dire, voyez, même les gens prétendument de gauche sont
contre ! Je regrette, je me considère comme de gauche, j'étais et je suis toujours pour l'accueil de l'Aquarius en France, et je
trouve ignoble, d'abord la tenue d’un tel sondage, et surtout la
façon de le manipuler. J’ai pu discuter avec quelques spectatrices
à la sortie du film, et constater que la France accueillante existe bel et
bien, c’est celle qui n’oublie pas la totalité de la devise
républicaine, et pour qui la fraternité et l’égalité ne sont pas des
vains mots…
Donc
on trouve ici le portrait d’un juste, d’un solidaire pour qui les
migrants sont d’abord des êtres humains, des frères et sœurs. Son action a
tout de même permis que le Conseil constitutionnel le 6 juillet
dernier, rappelle que l’aide désintéressée au séjour de
personnes en situation irrégulière (sans papiers) ne pourra plus
être passible de poursuites. C’est donc la fin du délit de
solidarité ! Cédric est un simple paysan, mais un homme qui
réfléchit, un homme de bon sens aussi ; il a de l’espace chez lui et commence en 2016 à accueillir
des réfugiés (c’est le terme qu’il utilise), à convaincre
d’autres solidaires comme lui d’apporter une aide alimentaire,
juridique (avocats), médicale (infirmières et médecins), à
squatter un bâtiment inoccupé des la SNCF pour les loger, quand
l’afflux devient trop massif. Il est harcelé par la police et la
gendarmerie aussi bien que par la Préfecture qui, pourtant, se met
elle-même hors-la-loi en refusant d’accueillir les demandeurs de
droit d’asile. Toujours
calme, jamais il ne se
laisse intimider par les gardes
à vue et les convocations au
tribunal, et galvanise par son action d’autres hommes et femmes de
bonne volonté. Pour justifier son action, outre le devoir d'humanité, il prend
surtout prétexte que, parmi les réfugiés qui débarquent chez lui, il y a de nombreux enfants et adolescents, et que les mineurs sont censés être protégés, une
fois qu’ils sont en France.
Au
moment où jeudi prochain, je vais à Aigues-Mortes participer à la
journée de commémoration du deux cent cinquantième anniversaire de
la libération de Marie Durand (après trente-huit ans de détention !),
célèbre résistante protestante aux persécutions du fanatisme
étatique de la Royauté française, consécutif à la Révocation de l’Édit
de Nantes, voir qu’il existe des hommes et des femmes qui ne
sacrifient rien au principe de la fraternité, ça fait chaud au
cœur ! Et, le 17 octobre prochain, sort le superbe documentaire consacré au procès de Mandela ; je nage dans la félicité de la fraternité en marche, pour reprendre une expression à la mode...
Lire,
sur le même sujet de l'accueil des migrants, une autre action intéressante, celle du maire de
Lalizolle :
https://www.anti-k.org/2018/09/28/lalizolle-terroir-daccueil-pourlaccueildesmigrants-regards-fr/
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