Ce
que nous donnons aux autres, nous nous le donnons à nous, par
retour.
(Apolline
Traoré, Frontières : film,
2018)
Premiers jours réels d’utilisation de ma nouvelle bicyclette. Le 30 juin, je la mets dans le train pour La Rochelle. Les jours suivants, je fais l’aller-retour Angoulins-La Rochelle à vélo tous les jours jusqu’au 6 juillet, très beau parcours ventilé le long de la côte. Le 7, je quitte Angoulins pour Arçais (45 km environ de jolies routes secondaires souvent ombragées) où je rends visite à l’ami Claude, rajeuni de dix ans depuis qu’il ne fume plus ! Le 9 j'ai rejoint la gare de Niort à vélo (Claude m’accompagne, et j’ai quelque mal à le suivre !), sans doute 25 km, car nous avons suivi les méandres de la Sèvre niortaise, spectacle presque magique. Rentré à Bordeaux, je suis retourné (en train) à Poitiers pour mon stage "Écrire l’enfance" du 11 au 13 juillet, sous la houlette de Catherine Baptiste, art-thérapeute et poète de haut vol. Le 14 juillet, je remets le vélo dans le train jusqu’à Ygos (Landes) d’où je rejoins la famille à Brocas, 22 km, et retour par le même trajet le lundi 16... Hier je suis allé voir Aline à la RPA de Talence, 18 km aller-retour. En comptant les trajets de chez moi jusqu’à la gare, ça fait plus de 300 km en quelques jours. Le bonheur pur de la liberté reconquise, car le vélo est, après le cheval, la plus belle conquête de l’homme en général et de moi, en particulier !
J’ai
été comme toujours merveilleusement accueilli tant à Angoulins
qu’à Arçais, à Poitiers ou à Brocas : 17 jours de vacances
(c’est-à-dire être ailleurs) formidables. Merci à tous !
Le
46ème Festival de cinéma de La Rochelle s’est montré à la
hauteur de sa réputation : j’ai vu quelques films de quatre
rétrospectives (le Français Robert Bresson, le Suédois Ingmar
Bergman, le Finlandais Aki Kaurismäki, l’Argentine Lucrecia
Martel), quelques inédits pas encore sortis, des films restaurés de
toute sorte, dont deux consacrés aux drôles de dames du cinéma
muet (avec accompagnement au piano).
Si je connaissais déjà très
bien Bergman (mais j’ai vu un inédit : son documentaire Mon
île Fårö)
et Bresson (mais quel plaisir de revoir Maria Casares dans Les
Dames du Bois de Boulogne, et de voir enfin sur grand écran Au
hasard Balthazar et Journal d’un curé de campagne, ce qui m'a donné envie de relire Bernanos),
j’ai été enthousiasmé par les films des années 80 et 90 de
Kaurismäki, dont le très beau film sans paroles Juha.
Si
Lucrecia Martel ne m’a pas touché, j’ai apprécié quelques
films inédits qui sortiront dans les prochains mois : le
superbe Premières solitudes (documentaire français sur les adolescents
de Claire Simon), le splendide La tendre indifférence du monde
du Kazakh Adilkhan Yerzhanov, et le merveilleux Heureux comme
Lazzaro de l’Italienne Alice Rohrwacher. J'irai les revoir à leur sortie et en dirai un mot ici.
Parmi les reprises, le
très bon Corniche Kennedy de Dominique Cabrera que j’avais
raté à sa sortie, et deux beaux films italiens de Monicelli (Les
camarades, avec un Mastroianni en meneur de grève) et Comencini
(Qui a tué le chat ? comédie avec un Ugo Tognazzi
pétillant). Enfin, deux films muets d’Alfred E. Green avec la
sémillante Colleen Moore : Irene et Ella Cinders,
superbe adaptation de Cendrillon. Non, messieurs les acteurs
comiques, vous n’étiez pas seuls à nous amuser, ces dames aussi !
Lazzaro le magnifique
Ce
qui m’a le plus étonné, c’est la présence dans nombre de ces
films de personnages semblables à l’Idiot
de Dostoïevski, c’est-à-dire d’une bonté absolue et qui se
heurtent à l’indifférence ou à la dureté du monde : c’est
le cas des héros de : Heureux comme Lazzaro, La
tendre indifférence du monde, Journal d’un curé de
campagne, La fille aux allumettes et Les lumières du
faubourg (deux Kaurismäki) ou dans une moindre mesure, celle de
La niña santa (de Lucrecia Martel). Surprenant, non ?
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