jeudi 17 septembre 2015

17 septembre 2015 : retour de Venise : lecture et art contemporain


Le plaisir esthétique, comme le dit Nietzsche, n'est pas quelque chose d'univoque. Il est la synthèse de divers éléments et est indissociablement lié à nos intérêts et à nos attentes.
(Éric Dufour, La valeur d'un film : philosophie du beau au cinéma, A. Colin, 2015)

une des plus belles installations de la Biennale

Me voici donc de retour de cette parenthèse enchantée que constitue à chaque fois pour moi un séjour à Venise. Petit arrêt à Poitiers à l'aller pour voir mes vieux amis et répéter Les femmes savantes, même chose au retour. Plus un arrêt d'une journée à Paris avant de prendre l'avion. Ce qui fait que, bien que n'ayant passé que neuf jours pleins à Venise, j'ai été absent deux semaines entières. J'avoue que j'avais bien besoin de ces vacances. 
 












J'avais emporté le livre d' Éric Dufour, La valeur d'un film, et je l'ai bien entendu lu, ce qui m'a donné un peu plus d'autorité pour regarder avec le maximum d'attention les films proposés par la Mostra. J'ai bien retenu que sa thèse est que toute tentative d'analyse reste subjective : "Le jugement de goût n'est qu'un usage parmi d'autres et ne possède nulle supériorité. Corrélativement, il n'y a pas de bons films ou de beaux films, c'est-à-dire des films qui posséderaient une valeur alors que d'autres n'en auraient pas, parce que tous les films possèdent une valeur dès qu'on en trouve un usage". Moyennant quoi, je ne vous dirai pas que tel film est magnifique, mais qu'il m'a paru superbe en fonction de mes attentes personnelles, de mes intérêts, de ma culture cinématographique, etc. De plus, je suis bon public, et il faut vraiment que ça me paraisse très mauvais ou que ça ne m'intéresse pas du tout, pour déclarer qu'un film n'est pas bon : les membres de notre groupe étaient nettement plus sévères que moi. Par ailleurs, j'ai choisi les films récents au hasard, ne sachant rien d'eux, et privilégiant leur origine (Italie, puisqu'on voit si peu de films italiens en France, et pays exotiques, Inde, Philippines, Brésil, Singapour, Vénézuela, Népal, etc.), ce qui m'a valu d'heureuses surprises. Rendez-vous demain pour un compte rendu cinéma.

Le palais du Festival de style mussolinien, au Lido

J'ai eu le temps de lire aussi plusieurs livres enregistrés sur ma liseuse : un mot au sujet de cette dernière, heureusement que j'avais emporté le cordon pour recharger sa batterie, car elle s'est soudain éteinte au beau milieu d'un chapitre palpitant de La Cour des miracles, roman de cape et d'épée de Michel Zévaco, variation sur le thème du Roi s'amuse de Victor Hugo, avec le personnage du fou du roi, Triboulet et de sa fille. Et ça se passait au petit matin, sur le vaporetto qui me menait au Lido, l'île du festival ; donc j'ai dû me passer de lecture ce jour-là.  
Des fleurs en allant vers le Palais du festival

J'en ai profité pour observer la faune festivalière, composée à peu près à égalité de vieux croûtons dans mon genre (mais certains doivent être riches, car leurs compagnes, ou compagnons, étaient de première fraîcheur, à moins que ce ne fût leurs fille ou fils à qui ils donnaient le bras !) et de jeunes adolescent/es (qui attendaient, hystériques, de pied ferme Johnny Depp - moment comique du festival) ou étudiant/es. Peu d'âge intermédiaire... Toutes les langues se disaient dans les files. J'ai même rencontré un couple de Chinois (ou que je croyais tels, car ils causaient entre eux en mandarin) : je leur parle en anglais ; on sympathise, au bout d'un moment, je leur demande de quel pays ils viennent : « We are French ! » J'en suis resté comme deux ronds de flan. On continue la conversation en français : ils sont de Bordeaux, et s'occupent de la Maison de la Chine à Mérignac. Apparemment, d'après leur site, ils organisent des voyages en Asie.


  l'arbre qui bouge devant le pavillon français
Mais la lecture et le cinéma ne m'ont nullement empêché de me balader aussi dans Venise et de fréquenter la Biennale d'art contemporain. Peu à peu, je me laisse happer par cette possibilité d'explorer des sentiers inédits pour moi, qui m'étais arrêté, en art, au surréalisme : je dois dire que le pavillon français m'a paru assez faible ; certes, ces arbres mobiles de Céleste Boursier-Mougenot sont amusants, mais il y avait tellement plus d'inventivité dans tant d'autres pavillons, y compris venant de tous petits pays, comme l'Azerbaïdjan, ceux d'Amérique latine, d'Asie, des pays arabes ou des pays nordiques. Je ne sais pas qui est la commission qui choisit le ou les artistes censés représenter la France. Il est vrai qu'il faut de tout pour faire un monde.

une installation en plein air, au Lido

une autre installation 
formes, couleurs et lumière 

Comme vous voyez - et j'ai bien d'autres photos, je me suis quand même bien régalé lors de ma promenade artistique dans l'intégralité des pavillons officiels de la Biennale, situés dans les Giardini ou à l'Arsenale, sans compter les installations qui étaient disséminées un peu partout en ville ou dans les îles, dont je n'ai vu qu'une partie. On en avait plein les yeux : ça, plus la beauté propre à Venise... Je ne peux que souhaiter à ceux qui n'y sont jamais allés d'y faire un tour à cette période de l'année, où il fait encore beau et chaud, mais pas trop. Et d'admirer autant les maisons, les palais, les églises, les bâtiments anciens, les musées, les ruelles, les campi, les canaux, que cet art contemporain qui nous dessille les yeux d'une autre manière.


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