la vie
on la vit en cheminant
de rencontre en rencontre(Tadeusz Różewicz, Inquiétude)
Ce matin, j’entends des crissements vers la cheminée. "Bon Dieu" , que je me dis", "voilà encore un oiseau prisonnier" ! Et qui risque de mourir, car en général ils n’arrivent plus à en sortir. Il doit y avoir une quantité de squelettes d’oiseaux là-dedans.
Mais je continue à déjeuner tranquillement, puis je file retrouver Georges Bonnet, toujours ravi de me revoir. En bonne forme physique, mais moralement épuisé par la déchéance terrible de sa femme, en Alzheimer avancé, et qu’il continue à aller visiter tous les jours. "Je n’ai plus envie de vivre", me dit-il. Mais content de me montrer son nouveau manuscrit, un recueil de quatre nouvelles, qu’il devrait envoyer sans tarder à son éditeur.
Moi, je n’ai pas de réponse au sujet du tome 2 de mon journal (deux refus jusqu’à présent) et de mes poèmes (aucune réponse encore, sauf de revues, quelques-uns devraient donc paraître). Il me dit que j’ai visé trop haut, tant pour le journal (José Corti, La table ronde) que pour les poésies. En plus, avec l’extinction de mon ordinateur portable, j’ai perdu (à moins qu’on ne récupère les données sur le disque dur) le manuscrit en format word de mon livre à paraître chez L’Harmattan. Je ne l’ai plus qu’en format PDF, or, il y a quelques corrections à y apporter, et c’est impossible en PDF. La reconversion me fait perdre la mise en pages. Les joies de l’informatique, quoi ! Et ça m’apprendra à oublier de sauvegarder mes données sur disque dur externe ou clé USB.
Je reviens tout guilleret de chez Georges, ayant récupéré mon nouveau vélo, encore incomplet, sans le porte-bagages avant. Lucile est levée. Le courrier passe, j’ai une carte postale de Charlotte Douwenga, une néerlandaise que nous avions accueillie, Claire et moi, il y a bien dix ans, du temps où nous invitions des étudiants étrangers pour les réveillons. Mais son adresse postale au dos de l’enveloppe est d’une écriture incertaine. Je cherche sur Facebook et la trouve. Je demande à Lucile (qui est aussi sur Facebook — "tu devrais t’y mettre, papa" !) de lui écrire pour avoir son adresse exacte ! J’en profite pour chercher sur ce site si je ne pourrais pas retrouver la trace de mon ami écossais Pat. Non, mais il y a sa fille Jennifer, que je reconnais aussitôt à sa photo. Lucile lui demande des nouvelles de ma part.
Finalement, on passe à table. Lucile me dit qu’elle a délivré une grive qui était prisonnière dans le garage, et non pas dans la cheminée, comme je le pensais. Ce n’est pas la première fois qu’un oiseau rentre dans le garage quand on ouvre la porte, et y reste prisonnier toute la nuit. Mais désormais, le garage est réduit à sa plus simple expression, environ 1, 5 m x 3 m, juste de quoi remiser un vélo ! Ou un oiseau ?
Et, après le café, Lucile me dit : "Allez, papa, on va sur Facebook, et tu t‘y colles !" Comme j’ai perdu toutes mes photos (sur cet ultraportable, je n’en ai que deux ou trois), au lieu de coller ma trombine, je mets une photo de mon vélo avec son caddie-remorque, et j’ajoute sur mon profil : cyclo-lecteur. Comme je viens d’adhérer à Cyclo-camping international, et me suis inscrit pour recevoir des cyclo-voyageurs, tout ça va peut-être me faire faire de nouvelles et originales rencontres.
Ce que j’espère, c’est que ce genre de site n’est pas un garage dans lequel on vient se constituer prisonnier, en attendant qu’un dieu (car que sommes-nous d’autre pour les oiseaux ?) nous délivre…
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