En
d’autres termes, j’étais fait pour la bibliothèque, pas pour la
salle de classe. La salle de classe était une prison, construite
pour d’autres intérêts que les miens. La bibliothèque était
ouverte, infinie, libre.
(Ta-Nehisi
Coates, Une colère noire : lettre à mon fils,
trad. Thomas Chaumont, Autrement, 2016)
Mon
éditeur Éric Lamiroy réunissait hier dimanche à la librairie Mot
passant de Jette, dans la
banlieue de Bruxelles, une cinquantaine des auteurs de sa collection
Opuscules, pour fêter
l’anniversaire du 1er
numéro. J’ai donc fait à la fois la connaissance directe de l’éditeur,
avec qui je n’avais eu qu’un contact par courriel ou par écrit
pour signer le contrat, et de quelques-uns de ces auteurs. Précisons
tout de suite qu’une très large majorité sont belges (quoique souvent métissés). J’étais
donc, avec deux ou trois autres, un des auteurs exogènes, sinon
exotique !
le marché de Jette vers 9 h du matin
Pour aller là-bas, j'avais pris le bus de nuit de Bordeaux (départ 20h 55 samedi soir) vers
Bruxelles (arrivée 8h 15, car aucun embouteillage dans les escales
de Paris Bercy et Lille Europe) et revenu de même (départ de
Bruxelles 21h 05, arrivée ce matin à Bordeaux 9h 15, compte tenu des
embouteillages des dix derniers km : que je suis content de ne
plus avoir de voiture et de ne plus contribuer à embouteiller et à
polluer !) ; j’ai dormi quand même pas mal, et
fait comme d’habitude connaissance de quelqu’un, cette fois dans le bus de
retour, un jeune homme dans le genre de Lucile qui étudie et
travaille souvent à l’étranger (Allemagne, Taïwan, Congo
Brazzaville et Angleterre, pas si mal pour un gars métis de 25 ans
originaire de Seine-Saint-Denis). Rencontré aussi un retraité qui partait pour six mois d'hiver au Maroc.
les auteurs en pleine signature ou déambulant dans la librairie
notre signe distinctif, un vêtement rouge
J’ai
donc passé la journée à Jette, ne me perdant pas dans les rues et
dégotant sans peine la librairie, sise 300 Avenue de Jette, et
ouverte tous les dimanches. C’est vrai que si on a envie que les
gens lisent, il faudrait que librairies et bibliothèques, qui sont
des lieux "sacrés" selon moi, soient ouvertes également en ce jour
qui fut autrefois sacré, mais qui n’est plus guère qu’un jour de repos, dont bien des jeunes ignorent l'origine.
Une dizaine d’auteurs m’ont dédicacé leur Opuscule,
et j’ai dédicacé une vingtaine du mien (Mais délivre-nous du mâle !), soit à d’autres
auteurs (échange de bons procédés), soit à du public, et même au
patron de la librairie et à son assistante. La librairie était
bondée. Inutile de dire qu’il n’y aurait pas eu autant de monde
avec de la poésie. M. Jourdain (Le bourgeois gentilhomme)
avec son "Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour"
aurait attiré plus de foule qu’Oronte (Le misanthrope)
avec son fameux sonnet : "Belle
Philis, on désespère / Alors qu’on espère toujours", il est vrai passablement ridicule. La
prose marche mieux pour séduire ! J'ai appris qu'Henri Vernes l'auteur des Bob Morane, était toujours vivant et que l'éditeur publiera un Opuscule signé de lui pour ses 100 ans le 16 octobre.
J’ai
donc découvert de visu quelques auteurs dont j’avais déjà lu
l’Opuscule (Éric
Neyrinck, Salvatore Minni, Alexandros Potamianos, Félix Rameau,
Pierre Graas, etc.)
et fait connaissance d’autres qu’il me reste à lire (Évelyne
Wilwerth, Sophie Potier, Martine Platarets, Tito Dupret, Antoine
Thuillier, Kandly Spense,
etc.). J’ai noté que pas mal d’auteurs belges étaient d’origine
étrangère et que la Belgique était vraiment en quelque sorte un
pays métissé : dès le départ d’ailleurs, Flamands/Wallons,
sans compter la minorité de langue allemande.
une rue de Jette
J’ai
rôdé le matin sur
le marché du dimanche et pu constater que la vie est aussi chère
qu’en France ; un petit
groupe d’entre nous sommes
allés manger des frites vers 13h
15
sur la Place de la Reine
Astrid, à deux pas de la librairie. Le marché était fini et, par l'ouverture d'une rue, on apercevait l’Atomium, pas très loin, que j'avais déjà vu lors de mon retour de cargo en 2013. La
conversation a porté sur les problèmes Flandre/Wallonie. J’ai cru
comprendre que si les Flamands apprennent correctement le français,
l’inverse est loin d’être vrai, le français reste langue
dominante.
près de la Gare du Nord, d'immenses immeubles en verre
où se reflètent les autres tours
Puis
vers 16 h je suis reparti me balader un peu dans Bruxelles. Il faisait frisquet et je me suis vite réfugié dans un bistrot (on utilise le vieux mot français "taverne" ici). Faudra
quand même que je me décide à visiter la ville en détail un jour, en restant plus longtemps ! Ou suis-je condamné à n'y faire qu'escale, comme en avril 2013 ?
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