lundi 1 octobre 2018

1er octobre 2018 : Bruxelles


En d’autres termes, j’étais fait pour la bibliothèque, pas pour la salle de classe. La salle de classe était une prison, construite pour d’autres intérêts que les miens. La bibliothèque était ouverte, infinie, libre.
(Ta-Nehisi Coates, Une colère noire : lettre à mon fils, trad. Thomas Chaumont, Autrement, 2016)


Mon éditeur Éric Lamiroy réunissait hier dimanche à la librairie Mot passant de Jette, dans la banlieue de Bruxelles, une cinquantaine des auteurs de sa collection Opuscules, pour fêter l’anniversaire du 1er numéro. J’ai donc fait à la fois la connaissance directe de l’éditeur, avec qui je n’avais eu qu’un contact par courriel ou par écrit pour signer le contrat, et de quelques-uns de ces auteurs. Précisons tout de suite qu’une très large majorité sont belges (quoique souvent métissés). J’étais donc, avec deux ou trois autres, un des auteurs exogènes, sinon exotique ! 

le marché de Jette vers 9 h du matin
 
Pour aller là-bas, j'avais pris le bus de nuit de Bordeaux (départ 20h 55 samedi soir) vers Bruxelles (arrivée 8h 15, car aucun embouteillage dans les escales de Paris Bercy et Lille Europe) et revenu de même (départ de Bruxelles 21h 05, arrivée ce matin à Bordeaux 9h 15, compte tenu des embouteillages des dix derniers km : que je suis content de ne plus avoir de voiture et de ne plus contribuer à embouteiller et à polluer !) ; j’ai dormi quand même pas mal, et fait comme d’habitude connaissance de quelqu’un, cette fois dans le bus de retour, un jeune homme dans le genre de Lucile qui étudie et travaille souvent à l’étranger (Allemagne, Taïwan, Congo Brazzaville et Angleterre, pas si mal pour un gars métis de 25 ans originaire de Seine-Saint-Denis). Rencontré aussi un retraité qui partait pour six mois d'hiver au Maroc.

les auteurs en pleine signature ou déambulant dans la librairie
notre signe distinctif, un vêtement rouge
J’ai donc passé la journée à Jette, ne me perdant pas dans les rues et dégotant sans peine la librairie, sise 300 Avenue de Jette, et ouverte tous les dimanches. C’est vrai que si on a envie que les gens lisent, il faudrait que librairies et bibliothèques, qui sont des lieux "sacrés" selon moi, soient ouvertes également en ce jour qui fut autrefois sacré, mais qui n’est plus guère qu’un jour de repos, dont bien des jeunes ignorent l'origine. Une dizaine d’auteurs m’ont dédicacé leur Opuscule, et j’ai dédicacé une vingtaine du mien (Mais délivre-nous du mâle !), soit à d’autres auteurs (échange de bons procédés), soit à du public, et même au patron de la librairie et à son assistante. La librairie était bondée. Inutile de dire qu’il n’y aurait pas eu autant de monde avec de la poésie. M. Jourdain (Le bourgeois gentilhomme) avec son "Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour" aurait attiré plus de foule qu’Oronte (Le misanthrope) avec son fameux sonnet : "Belle Philis, on désespère / Alors qu’on espère toujours", il est vrai passablement ridicule. La prose marche mieux pour séduire ! J'ai appris qu'Henri Vernes l'auteur des Bob Morane, était toujours vivant et que l'éditeur publiera un Opuscule signé de lui pour ses 100 ans le 16 octobre.


J’ai donc découvert de visu quelques auteurs dont j’avais déjà lu l’Opuscule (Éric Neyrinck, Salvatore Minni, Alexandros Potamianos, Félix Rameau, Pierre Graas, etc.) et fait connaissance d’autres qu’il me reste à lire (Évelyne Wilwerth, Sophie Potier, Martine Platarets, Tito Dupret, Antoine Thuillier, Kandly Spense, etc.). J’ai noté que pas mal d’auteurs belges étaient d’origine étrangère et que la Belgique était vraiment en quelque sorte un pays métissé : dès le départ d’ailleurs, Flamands/Wallons, sans compter la minorité de langue allemande.

une rue de Jette

J’ai rôdé le matin sur le marché du dimanche et pu constater que la vie est aussi chère qu’en France ; un petit groupe d’entre nous sommes allés manger des frites vers 13h 15 sur la Place de la Reine Astrid, à deux pas de la librairie. Le marché était fini et, par l'ouverture d'une rue, on apercevait l’Atomium, pas très loin, que j'avais déjà vu lors de mon retour de cargo en 2013. La conversation a porté sur les problèmes Flandre/Wallonie. J’ai cru comprendre que si les Flamands apprennent correctement le français, l’inverse est loin d’être vrai, le français reste langue dominante.

près de la Gare du Nord, d'immenses immeubles en verre
où se reflètent les autres tours

Puis vers 16 h je suis reparti me balader un peu dans Bruxelles. Il faisait frisquet et je me suis vite réfugié dans un bistrot (on utilise le vieux mot français "taverne" ici). Faudra quand même que je me décide à visiter la ville en détail un jour, en restant plus longtemps ! Ou suis-je condamné à n'y faire qu'escale, comme en avril 2013 ?
 

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