moi aussi j’allais disparaître. C’est tentant. Ça l’a toujours été. J’ai toujours tout réglé par les absences.
(Estelle Rocchitelli, Après la brume, Dalva, 2024)
J'ai retrouvé dans mon crâne, ces derniers temps, cette chanson de Brel, qui m'avait tant impressionné à l'époque. Je ne savais rien de l'amour, de la passion, du sentiment, j'étais ignare. Je n'avais pas vécu, tout simplement. J'ignorais tout des vraies difficultés de la vie. Je ne compte pas dans ces difficultés la pauvreté de mon enfance, je n'avais pas d'autre désir que de manger à ma faim, d'être choyé par ma grand-mère et d'envisager de vivre au jour le jour.
J'étais naïf, comme disait ma grand-mère, et je le suis resté. Ce qui m'a permis de traverser les vicissitudes de ma vie, en ne retenant que le meilleur. Tout ce qui a été moche ou mauvais, je l'ai oublié, je n'ai gradé que les événements heureux : les rencontres et les ami.e.s qui en ont découlé, les livres et les films que j'ai aimés, les découvertes pendant mes voyages, ma vie de famille avec Claire, ma vie associative, etc. etc.
Et maintenant que j'approche de la fin du jour, je ne me plains pas, ce serait même un scandale si je me plaignais. Quand je vois les bombes et les drones qui pleuvent ici ou là , les millions d'enfants qui souffrent de malnutrition, les migrants à qui on met des bâtons dans les roues, les vieux isolés et tout ce qui fait la misère du monde, je n'ai pas le droit de ma plaindre.
La chanson des vieux amants
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