Delgrès : Nous n’avons plus qu’à mourir bravement. Sachons accomplir ce devoir suprême. Notre mort nous fera illustres nous ne mourrons pas entièrement. Nos noms survivront sur l’océan des âges et nous léguerons nos exemples à suivre à ceux qui viendront après nous et qui, plus heureux, conquerront eux, cette liberté que nous n’avons fait qu’entrevoir.
(Gonzague Saint-Ruf, L’épopée Delgrès : la Guadeloupe sous le Révolution française, L’Harmattan, 1988)
Delgrès, le héros guadeloupéen contre le rétablissement de l'esclavage en 1802, nous a montré l'exemple de la résistance à l'oppression. Continuons à lutter pour seconder les Gazaouis dans leur résistance. J'ai été heureux de voir, lors de manif du 1er mai à Bordeaux de voir le grand nombre de drapeaux palestiniens dans les rues de Bordeaux. Pratiquement, tous les partis représentés, tous les syndicats, toutes les associations, arboraient, en plus de leurs propres emblèmes, un ou plusieurs drapeaux, et aussi des slogans solidaires.
Et voilà qu'aujourd'hui, j'apprends que, dans une tribune confiée à Mediapart, quatre femmes appellent la France
et l’Europe à « dire non à la politique de la destruction » menée par
Israël : la Prix Nobel de littérature Annie Ernaux, l’ancienne garde des
Sceaux Christiane Taubira, l’historienne franco-tunisienne Sophie
Bessis et la romancière libanaise Dominique Eddé. J'en reproduis le texte complet, en soutien à cette initiative qui me tient chaud au cœur.
d’Israël – gouverné par son extrême droite – est en train d’exterminer un peuple et de dépecer le Moyen-Orient. Ni l’assassinat de plus de deux cents journalistes palestiniens, ni l’interdiction des médias étrangers sur les lieux du crime, ni l’autocensure systématique de la majorité des médias occidentaux, n’auront suffi à filtrer l’horreur.
Heure après heure, les bombes tombent partout à Gaza. Des familles entières sont décimées, les hôpitaux sont hors service dans leur presque totalité, les enfants amputés sans anesthésie, les tentes de deuil sont brûlées, les gens qui courent au secours des blessés sont tués à bout portant, les survivants condamnés à ne pouvoir récupérer les cadavres de leurs proches, un navire chargé d’aide pour Gaza visé par des drones israéliens au large de Malte… Toute précaution de langage relève désormais de la cécité volontaire.
Pendant ce temps, le régime israélien occupe le Golan et le Liban-Sud. Depuis le 27 novembre 2024, il a violé le cessez-le-feu au Liban à 1 500 reprises. La Syrie, à peine délivrée d’un demi-siècle de tyrannie sanglante, a enduré la destruction de son armée par Tsahal sans que personne ne pipe mot. Les forces aériennes israéliennes ont attaqué la Syrie près d’un millier de fois. Le nouveau régime syrien est donc privé par son voisin israélien des moyens d’installer son autorité.
La prise en otage de la population syrienne druze par Israël ajoute au chaos sa pièce de sabotage. « Il n’y a pas de “massacres de Druzes” mais des heurts intercommunautaires que tente de contenir le nouveau gouvernement », écrit l’ancien ambassadeur de France Gérard Araud. Ce faisant, Israël peaufine son plan de dépeçage de la région. Il ne s’agit plus ici d’anticipations ni d’hypothèses. Il s’agit d’observations, de constats, de faits.
Si les responsables politiques européens continuent à attendre – et à attendre quoi ? –, s’ils ne se lèvent pas en responsabilité et en dignité pour appliquer des sanctions contre Israël et rompre leurs relations avec ce régime incendiaire, ils figureront au nombre des accusés devant l’histoire. Plus grave : ils invalideront le principe même de l’Europe, ils cosigneront la fin de la démocratie, le triomphe du fascisme.
Rappelons qu’une trentaine de pays sont visés par des sanctions de l’Union européenne, notamment pour de graves violations des droits de l’homme. Le cadre juridique de mesures sanctionnant la politique de terreur exercée par Israël existe. Reste à l’appliquer.
« L’objectif est manifestement de créer les conditions pour mener à bien la plus grande opération d’épuration ethnique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », écrit Josep Borrell, ancien haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères. Il plaide pour le retour de toute urgence au droit international, le recours aux leviers d’action contre Israël, le refus du « fait accompli ». Or s’agissant de « fait accompli », s’il est un pouvoir qui soit imbattable en termes de décisions unilatérales, imposées par la force, c’est bien Israël.
Que la France et l’Europe se portent au secours d’elles-mêmes en disant non, clairement et enfin non, à cette politique de la destruction.

Sophie Bessis, Dominique Eddé, Annie Ernaux et Christiane Taubira
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