Je
me suis toujours posé la question de la fin des voyages. Débarquer
est toujours une chute.
(François
Taburet, Traversée,
P.O.L., 2018)
La Havane : le quartier chinois, fresque murale
À
peine débarqué de Cuba, je suis allé rendre visite à mes vieux
amis poètes de Poitiers, puis à mes anciens collègues et amis
d’Auch pour un enterrement, ce qui m’a secoué vivement, puisque
celle qui est morte n’est autre que la présidente de l’Association
qui a organisé mon prochain voyage cet automne à Madagascar.
un des nombreux chats de La Havane
Et
j’en ai presque oublié Cuba ; pas tout à fait cependant, car
tous m’ont demandé de leur raconter notre île tropicale. Je
rajoute donc une page, avec l’aide des notes de mon carnet, en
insistant cette fois davantage sur mes impressions citadines.
la Casa Armando, logement en terrasse
12
avril, La Havane, logé en casa particular (Casa
Armando) : balade dans
La Havane, tout à pied, le long du Malecon, visite de la vieille
ville, des bistrots, des boutiques de la rue piétonne Obispo, d’une
librairie, repas du soir au restaurant. Le
lendemain, de nouveau au centre ville, passage devant le Capitole,
boisson sur une terrasse de la Plaza Vieja, musiciens dans un café,
observation des immeubles (certains restaurés, d’autres en cours de
restauration, beaucoup en mauvais état), des écoliers en uniforme
(jupe très courte pour les filles), des gamins qui jouent au
base-ball dans le rue après l’école, des calèches tirées par
des chevaux, des vélos-taxis, des éboueurs qui, en faisant les
poubelles d’un grand hôtel, trient et récupèrent les chaussons,
du flot de touristes (beaucoup de Français), du bruit (la rue
profite de la musique déversée à flot par la radio des fenêtres
ouvertes, les gens parlent très fort). Grosse averse vers 18 h, mais
qui ne dure pas.
Musée de la Révolution : ce qui reste d'un des avions abattus lors de l'affaire de la Baie des Cochons
13 avril, visite du Musée de la Révolution qui
occupe l’ancien Palais présidentiel de Batista, et raconte aussi
les années qui ont suivi, notamment les attentats
contre-révolutionnaires des années 60 et 61, suivie d’une visite du
Musée des Beaux Arts, très intéressant, car n’y sont représentés
que des artistes cubains ! Passage
par le Paseo Marti, la grande promenade où s’échangent les infos,
les appartements, et lieu de rencontres amoureuses ou amicales.
une des toiles du Musée des Beaux Arts : du vélo !
19
avril : Cienfuegos, de nouveau en casa particular. Très jolie
petite ville : promenade sous les arcades, sur le boulevard,
vers la Place Martí, où se trouve le théâtre Tomas Teray, que nous
visitons. 20 avril, nous observons sur un mur un des (rares) slogans
politiques : JAMAS RENUNCIAREMOS A NUESTROS PRINCIPIOS. Puis
passage en ville
à nouveau, visite du Musée
provincial où l’on peut admirer quelques objets et mobiliers
anciens. Séjour reposant, où je fis du vélo-taxi !
un slogan rageur peint lors de la période spéciale (années 90) pour protester contre l'attitude des USA
21-23
avril, Trinidad : nous sommes logé à l’hôtel, en bord de
mer. Ville coloniale qui aurait bien besoin d’être restaurée. Balade à pied, tout le centre est piétonnier. Visite du Musée des
bandits ; dans cette région où de nombreux instituteurs et étudiants ont
été mobilisés pour participer aux campagnes d’alphabétisation
des paysans, nous apprenons que 87 d’entre eux ont été
assassinés, ainsi que les familles qui les hébergeaient, par des
bandits contre-révolutionnaires. Ce qui a suscité la création des
CDR (Comités de Défense de la Révolution). Ce musée est situé
dans un ancien couvent, nous sommes montés au clocher. Ici aussi,
des maisons presque luxueuses en côtoient des délabrées.
Nombreuses carrioles tirées par des chevaux.
Trinidad vu du clocher du Musée
24
avril, escale à Camaguey,
à l’hôtel, près de l’ancienne gare, en travaux pour être
transformée en musée ferroviaire. Visite
de la ville, d’un intérêt mineur, mais qui contient de belles
galeries d’art.
les chanteuses et leur guitariste
25-30
avril : Santiago de Cuba (hôtel). Arrivée après plusieurs
heures de taxi. Belle première impression de la ville, à la
recherche d’un restaurant pour le repas du soir. Rue piétonne très
animée. Grosse chaleur. Nous mangeons une langouste succulente au
Compay Gallo. Le lendemain, départ vers le port en taxi collectif
(deux devant à côté du chauffeur, huit derrière sur des
banquettes
latérales) que nous a procuré un rabatteur. Remontée
vers le centre ville par l’ancien quartier français Tivoli, très
pauvre, malgré quelques maisons anciennes somptueuses. Passage à la
maison du poète cubain José Maria Heredia (cousin
du nôtre, qui s’est ajouté une particule pour faire bien), arrêt
à la bibliothèque publique (peu de livres neufs) et
dans un café musical, et le
soir, nouveau repas de langoustes. Le 27, nouveau taxi collectif
jusqu’au magnifique cimetière où se trouve le Mausolée de José
Martí et la modeste tombe de Fidel Castro. Retour en vélo-taxi,
visite du Musée de la Moncada qui retrace le 1er
haut fait de la Révolution en 1953. Le 28, visite du Musée du rhum,
avec dégustation (il ne titre que 14°), puis du Musée du Carnaval,
avec de jolis costumes. Le 30, nouvelle balade en ville. Décidément,
Santiago me plaît beaucoup, c’est vivant, chaleureux, bien
que très bruyant. Spectacle folklorique sur la place principale.
un cargo au port de Santiago
la maison de la famille Heredia
1er
mai-5 mai, La Havane, dans la casa particular de Carlos. Mais l’avion de
Santiago ayant eu six heures de retard, nous n’y arrivons qu’à 4
h du matin, ce qui a exclu qu’on assiste à la grande manifestation
du 1er
mai ! On est très loin du centre de La Havane (12 km) et donc,
ayant peu dormi, nous nous contentons de visiter le quartier et la
plage voisine. Lu sur un mur : Cuando el mundo no te quiera, y
te inonda la soledad, toca a mi puerta, esa es tu casa. Devise
que je ferai bien mienne ! Le 2 mai, nous prenons avec
Maria-Julia le bus, nous arrêtons au fameux glacier Coppelia, puis à
pied, gagnons la Place de la Révolution en passant devant
l’Université. Et là, nous montons pour un tour de ville d’une
heure en décapotable américaine : Malecon, avec arrêt devant la statue de John
Lennon et à la Casa del tabaco. Le 3 mai, en taxi jusqu’à la maison de
Compay Segundo, qu’on visite. On continue à pied vers le centre
ville, par le Callejon de Hamel, petite rue d’artistes bordée de
fresques murales et de sculptures.
une fresque murale en hommage au Petit prince
un peu plus bas, dans le Callejon
Que
dire de la vie citadine cubaine ? La densité de la population y
est phénoménale, tous les âges s’y côtoient, ça bouge et se
trémousse dans tous les sens, il y a toujours quelque chose à voir.
Il fait chaud (ce fut surtout le cas à Santiago, La Havane est plus
ventilée), on passe à l’ombre ; si
on a soif, ce ne sont pas les bistrots qui manquent et, à peine y est-on
et se croit-on au calme, des musiciens arrivent avec leurs
instruments et leurs baffles et on ne peut plus se parler... Il y a
plein de petits métiers, des rabatteurs pour taxis ou restaurants
aux vendeurs de cigares ou de cigarettes, de pains et de biscuits, des petits marchés, une
vie intense.
un vélo-taxi, ils sont tous entièrement bricolés-main
Bref,
j’ai aimé autant me balader en ville que nos excursions à la
campagne.
une curiosité cubaine, la bière apportée dans un pichet réfrigéré, et chacun se sert au robinet
(ici au restaurant El conejito à La Havane)
À
suivre...
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