La
véritable instruction est celle qui vous dépayse.
(André
Gide, Journal, 12
juillet 1934)
photo de groupe : de gauche à droite, au balcon du théâtre de Cienfuegos :
Maria-Julia, Anne-Marie, Didier, Marie-Cécile, Patricia, Dorothée, Lenny, Colette, Josué
(manquent Marie-France et Jipé)
Dépaysement,
c’est vraiment le mot qui sort de la bouche, quand je
repense à ce qu’on a vu là-bas. Nous étions donc onze :
deux de mes sœurs (Anne-Marie et Marie-France) et les beaux-frères
correspondants (Josué et Helenio, dit Lenny), un couple du Cher :
Didier et Marie-Cécile, une Parisienne : Patricia, deux
Montoises, Colette et Dorothée, Maria-Julia,
la Cubaine de Mont de Marsan et votre serviteur. Anne-Marie avait
tout organisé (à la perfection) avec l’aide d’une agence de
voyages de la capitale
landaise (pour les avions et
les hôtels), de Maria-Julia pour dresser l’itinéraire et les
choses à voir, et avait réservé elle-même les chambres d’hôte
et la compagnie de taxis qui nous a
déplacés
d’un lieu à l’autre de cette île si vaste. Bravo, car elle a dû
y passer beaucoup de temps à l’agence et sur internet, et tout a
bien fonctionné !
les fameux taxis qui nous ont emmenés d'un bout à l'autre de l'île
L’itinéraire
fut le suivant : La Havane en casas particulares chez Armando (11-14 avril),
170 km en taxi jusqu’à
Viñales
(logement à
l’hôtel 15-16 avril), retour
à La Havane puis 230 km en taxi jusqu’à
Playa Larga (logement à
l’hôtel 17-18 avril), 130
km en taxi vers Cienfuegos
(logement en
casas particulares chez Manolo 19-20 avril), 100
km en taxi jusqu’à Trinidad
(logement à
l’hôtel 21-23 avril), 260
km en taxi vers Camaguey
(logement à
l’hôtel 24 avril), 330 km
de taxi vers Santiago de Cuba
(logement à
l’hôtel 25-30 avril), avion
local jusqu’à La Havane
(de
nouveau en casas particulares chez Carlos du
1er
au 4 mai). Je
donne des distances approximatives, n’ayant
pas de carte sous les yeux et les compteurs des taxis ne marchaient
pas toujours, mais cela veut
dire dans les 1500 km au bas mot sur des routes souvent médiocres.
Ce
qui m’a le plus plu là-bas, en dehors de l’atmosphère générale,
à la campagne :
un séchoir à tabac
● la
ferme de Viñales
où l’on
cultive du tabac et les explications qui nous ont été données par
l’ouvrier agricole noir
préposé à ça dans
le hangar de séchage du
tabac, et qui a expliqué le
roulage et la fabrication de cigares. Outre qu’il avait un très
beau visage, ce que Colette m’a confirmé (autant signaler,
me souvenant de ma mésaventure de Melbourne en 2015, que si je n’ai pas
photographié les personnes, autant Colette a fait beaucoup de
portraits), il a fait une
démonstration parfaitement documentée. Puis nous avons visité le reste, avec les
clapiers à lapins, le cochon dans son enclos, et dégusté le rhum
qui est très léger à Cuba : 14°. Ce qui explique qu’on a
vu très peu de poivrots pendant notre séjour !
la hutte de l'Indien, près de la grotte
● Toujours
à Viñales,
l’excursion dans la petite
montagne, avec l’arrêt à la Cueva del Indio (grotte de
l’Indien) : avant d’y pénétrer, on passe devant le
reconstitution d’un campement amérindien. La visite se termine par
une promenade en barque dans la rivière souterraine.
la sortie de la grotte (un autre bateau nous suivait et s'apprête à sortir)
● À
la fin du séjour, la visite de la finca de Carlos, notre hôte de La
Havane, avec sa bananeraie, ses arbres fruitiers (manguiers,
goyaviers), son petit élevage ; j’ai noté au passage que ses
employés agricoles, tous noirs, sont assez misérablement logés
dans une case en bois en tout point semblable à celles de La
rue Cases-nègres de Joseph
Zobel.
un des veaux de Carlos
● À
proximité de Playa Larga, l’impressionnante ferme aux crocodiles ;
ceux-ci sont logés dans des sortes de bassins bétonnés et remplis
d’eau, par taille. Ils sont destinés à l’alimentation mais
aussi à la maroquinerie, ou à être expédiés dans des zoos. C’est
assez effrayant à regarder, mais fascinant.
un crocodile à l'affût, dans l'herbe
● Non
loin de là, voyage en bateau sur la lagune vers Aldea Taïna, une
petite île où a été reconstitué un village indien ; de
belles sculptures représentent les Amérindiens dans leurs activités
ordinaires : chasse et pêche.
non loin, dans un arbre, une termitière
● À
proximité de Trinidad,
excursion vers une ancienne plantation sucrière, l’Hacienda de los
destiladoras San Isidro. On y voit la maison du maître, la tour
destinée à surveiller les esclaves pour les empêcher de
s’échapper, les ruines des habitations destinées aux esclaves,
des pressoirs et des moulins... Un vrai site archéologique !
la tour de guet : gare aux cimarrons (esclaves qui s'enfuient)
● Près de Santiago,
visite du Fort Morro, destiné par les Espagnols au XVIIIème siècle à protéger la côte sud
des attaques des pirates de la Caraïbe ; puis de là, départ
en bateau vers la petite île Largo Granma, avec son village de
pêcheurs : très bon
repas dans un joli petit
restaurant, El Marino, où deux musiciens sexagénaires,
le chanteur costaud et
svelte, le guitariste avec un bel embonpoint, nous ont
gratifié d’un petit concert de superbes chansons.
le Fort Morro
Sinon,
nous avons traversé la campagne avec nos fameux taxis, assez
confortables. Quelques
observations : l’omniprésence des chevaux (comme
animaux de trait, de travail, ou de déplacement),
l’élevage extensif de bovins et, de temps en temps, d’ovins, les
nombreuses friches, les rizières et
les bassins de pisciculture
(Cuba toujours soumise au blocus américain, a dû dans les années
90, après l’effondrement du bloc soviétique qui lui apportait une aide économique importante, reconsidérer son
agriculture pour tenter de parvenir à l’autosuffisance
alimentaire, notamment en
lait et en riz, en poulets
et œufs, en
poissons, en légumes et
fruits divers),
les montagnes plus ou moins
élevées (la Sierra Maestra au sud-est, culmine à 1990 m), les
petits villages entraperçus. Les gens de la campagne circulent à pied, à cheval
ou sur des carrioles, à bicyclette, sur des vélomoteurs, scooters
ou motos, mais il y a peu de circulation automobile, des poids lourds surtout. Les autobus (parfois sous
forme de camions aménagés qui ressemblent à des bétaillères) et
taxis collectifs sont pris d’assaut. Le stop a l’air aussi de fonctionner.
un cavalier (il monte à cru)
Mais
il y
faisait très très chaud. On a eu de 30 à 40°. Les Cubains font
avec, mais on comprend que la productivité soit vraisemblablement
assez faible et que les gens qui se déplacent à pied n’aient
aucune envie de se presser ! Les animaux eux-mêmes, soumis à
des chaleurs pareilles, et n’ayant sans doute qu’une végétation
assez sèche et peu d’eau (beaucoup de rivières étaient à sec),
recherchaient l’ombre ; et ils n’étaient pas épais.
Vaches, chevaux, chèvres, jusqu’aux poulets, aux chiens et aux
chats, étaient plutôt maigres ; seuls
les cochons que nous avons vus avaient l’air un peu gras.
Avantages du blocus : il
paraît que les paysans n’utilisent que très peu de produits
chimiques dans les champs et qu’ainsi les productions sont plus ou
moins bio. Et la
nourriture saine, quoique peu variée...
attelage de bœufs
À suivre...
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