jeudi 27 mars 2014

27 mars 2014 : vous avez dit droit d'asile ?


C'est la bêtise sur le qui-vive, c'est la dureté en état d'alerte.
(Violette Leduc, La femme au petit renard, Gallimard, 1965)


La Cimade est une association créée pour faciliter l’installation des habitants d'Alsace et de Lorraine évacués vers le Sud de la France à la suite de l’entrée en guerre contre l'Allemagne, puis à partir de 1940, pour aider tous les persécutés, Tziganes, communistes, intellectuels allemands ayant fui le nazisme, Européens de l’Est employés par la Wehrmacht et Juifs. Au départ association protestante à vocation religieuse, voire prosélyte, elle s'est peu à peu laïcisée, sans oublier quand même son souci évangélique : "Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !" (Évangile de Matthieu, chapitre 25, versets 35-36), qui l'amène aujourd'hui à s'occuper en priorité des réfugiés, et surtout des étrangers en situation irrégulière.
J'apprécie particulièrement l'aspect concret de son action, et aussi sa manière de ne pas baisser les bras devant des lois et une administration de plus en plus inhumaines. Je lis par exemple le dernier numéro d'Actions communes, le Journal des donateurs, et les choses suivantes qui concernent Mayotte, partie intégrante de l'Empire français, mais qui n'est pas tout à fait la France pourtant. Car il s'y applique là-bas, comme semble-t-il dans des départements d'outre-mer comme la Guyane et la Guadeloupe, un régime d'exception. Or, "le droit commun, et désormais le droit européen, doit s'appliquer sur tous les territoires de la République", rappelle la Cimade, témoin de faits scandaleux.
Un exemple : "S. a quatorze ans. Il est arrivé à Mayotte avec sa mère qui s'est vu accorder une protection au titre de l'asile. S. , sa mère et ses cinq frères et sœurs résident donc à Mayotte en toute légalité. Dans la nuit du 23 au 24 janvier 2014, S. est interpellé par la police. Le 25 janvier, il est expulsé au mépris du droit vers une autre île des Comores où il est désormais isolé et en danger. La police et l'administration l'ont considéré comme majeur et sans droit au séjour, bien que sa mère ait apporté au commissariat et à la préfecture toutes les preuves nécessaires. L'affaire est grave et provoquerait un scandale en métropole. Mais à Mayotte ces pratiques sont courantes. Le droit d'asile, l'intérêt supérieur de l'enfant, le droit au respect de la vie familiale ont été allègrement piétinés."
Voilà la France d'aujourd'hui. On dirait la France d'hier : celle de Vichy, de sinistre mémoire. Et pendant ce temps-là, tous les pantins qui nous dirigent – et qui se foutent éperdument des gens de peu – se tâtent pour faire telle ou telle alliance, qui leur serait profitable et leur permettrait de partager des postes. Et on s'étonne que tant d'électeurs soient écœurés ? Ce qui m'étonne, moi, c'est qu'il y ait encore des votants !

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