dimanche 8 février 2009

8 février 2009 : un vrai roman


Le fait de s’abstraire pour lire est une métaphore de la distance, de l’isolement, de la séparation.
(Ricardo Piglia, Le dernier lecteur)

Il neige finement et je regarde par la fenêtre les flocons qui virevoltent, un peu comme la Natacha de La guerre et la paix. La neige est plutôt rare à Poitiers, et je me sens aussitôt dans l’atmosphère de la Russie de Tolstoï, telle qu’elle est évoquée dans ce roman extraordinaire par sa longueur et sa densité. Cela fait cinq mois que je suis plongé dans cet immense livre, un des plus longs que j’ai lus (avec la trilogie des Trois Mousquetaires et Le comte de Monte Cristo, de Dumas, Les misérables, de Victor Hugo et A la recherche du temps perdu, de Proust). Ce sont tous des romans ou suites de romans de plus de mille cinq cents pages au total, de quoi s’immerger dans un océan, disparaître pendant quelque temps de la surface du monde.

J’avais acheté en 1976, je crois bien, La guerre et la paix, dans l’édition de la Bibliothèque de la Pléiade. En tout cas, je l’avais emporté dans mes sacoches en juillet 1977, lors de la randonnée qui devait m’emmener, à bicyclette, d’Auch jusque dans le Jura, en traversant le Massif central. Échappée qui devait déjà être "singulière" (pour reprendre le titre que j’avais donné au premier volume de mon journal, titre que l’éditeur juge trop peu commercial), car mon objectif était de rendre visite à un détenu récemment libéré, G., avec qui j’étais entré en correspondance, via les petites annonces de Libération. Malheureusement, trois jours après mon départ, la longue randonnée s’est achevée en déroute à Aurillac où, victime d’une tendinite au talon droit, j’ai pris le train pour rentrer à Auch. Et le jour même, une douleur dentaire m’a douloureusement affecté, comme je n’en avais jamais connue.

Le lendemain, dès potron-minet, j’ai foncé chez le dentiste, en urgence. J’avais un superbe abcès purulent sur la racine de l’incisive droite du haut. L’arracheur de dents me perce l’abcès, nettoie, désinfecte. Vous me croirez si vous voudrez, mais, à l’instant même, ma tendinite avait disparu. Selon le dentiste, il y avait correspondance entre l’incisive et le talon : qu’en pensent les médecins chinois, férus de points d’acupuncture ? Bref, instruit par cette expérience, j’ai rallié le Jura par le train, et tout de même rendu visite à G., fait connaissance de sa compagne et de ses enfants, ainsi que des chiens qu’il affectionnait particulièrement. Nous sommes allés ensemble jusqu’au chenil de la SPA, car pour fêter ma visite, il tenait à avoir un nouveau compagnon à quatre pattes, ce qui lui avait le plus manqué lors de son séjour à Fleury-Mérogis.

Mais La guerre et la paix était restée à l’état de projet de lecture ; je n’avais pas dépassé la préface ! Je savais que je le lirais un jour. De Tolstoï, je n’ai, depuis, lu que des œuvres brèves, ses merveilleuses nouvelles, parmi lesquelles j’apprécie principalement La mort d’Ivan Ilitch (un de mes textes de chevet, où Tolstoï nous pousse à nous interroger sur le sens de la vie, le poids des conventions sociales et de l’hypocrisie mondaine : "En eux il se voyait lui-même, il voyait sa façon de vivre, et constatait que tout cela était faux, que tout cela était une énorme et terrible illusion, qui dissimulait et la vie et la mort"), Les Récits de Sébastopol et Maître et serviteur. Et son savoureux Enfance. Mais je n’avais pas osé me lancer dans ses grands romans, au contraire de ceux de Dostoïevski. Pourtant ma grand-mère était une lectrice acharnée d’Anna Karénine (je ne connais que le film avec Greta Garbo), que j’ai d’ailleurs également acheté pour le lire un jour.

Eh bien, mes amis, ça valait bien cinq mois de lecture ! J’ai lu les cinq cents premières pages à haute voix à Claire en octobre-novembre. Puis j’ai continué en lecture silencieuse. Car la longueur est tout de même redoutable à haute voix. Quel livre ! Mais quel livre !

Paru en feuilleton entre 1865 et 1869, La guerre et la paix traite de l’histoire de la Russie à l’époque napoléonienne. C’est donc un roman historique, même si l’auteur à l’époque ne le considérait pas comme un roman, tant il transcendait tous les codes romanesques. Pour lui, son premier roman, au sens classique du terme, fut Anna Karénine, paru en 1878.

Peut-on résumer une telle œuvre qui se déroule de 1805 à 1813, avec un épilogue en 1820 ? Essayons d’en donner une idée. 

 

Le comte Bézoukhov, qui agonise, n’a qu’un fils unique, bâtard, Pierre. Au grand dam des autres héritiers potentiels, c’est lui qui hérite de toute la fortune et du nom du comte. Jusque-là rejeté par la bonne société (sauf par le prince André Bolkonsky, dont il est l‘ami), Pierre devient un parti en vue. Il fréquente la famille Rostov, mais épouse Hélène Kouraguine. Cependant, la Russie entre en guerre contre Napoléon, et le prince André, qui doit partir aux armées, abandonne Lise, sa jeune femme enceinte, aux bons soins de son père, un vieillard acariâtre, et de sa sœur Marie, cette dernière très croyante et plutôt laide. De son côté, le jeune Nicolas Rostov s’engage également avec son ami Boris Droubetskoi, et laisse en Russie sa famille : ses vieux parents, sa charmante cousine Sonia, qui l’aime passionnément (et ça semble réciproque), sa sœur, l’espiègle adolescente Natacha, et son petit frère, Pétia. Le prince André est aide de camp de Koutouzov, le généralissime russe. La guerre se déroule en Autriche, et Nicolas Rostov est blessé. En les observant de près, le prince André perd ses illusions sur les grands de ce monde, tant politiques que diplomates ou militaires. La bataille d’Austerlitz, décidée contre l’avis de Koutouzov, voit l’écrasement des Autrichiens et des Russes. Le prince André est très grièvement blessé, et même laissé pour mort sur le champ de bataille. Rostov, rentré à Moscou, où il retrouve sa sœur et sa cousine, sert de témoin dans le duel qui oppose Pierre Bézoukhov et Dolokhov ; ce dernier pressait d’un peu trop près sa femme Hélène, et la rumeur de leur liaison courait. A la suite du duel, Pierre se sépare d’Hélène. On croit André mort, et son vieux père cache son sort à Lise, sur le point d’accoucher. Elle meurt en mettant au monde le petit Nicolas, juste au moment où André revient. Dolokhov, dont Sonia a refusé la main, se venge en entraînant Nicolas Rostov à jouer : il fait une énorme dette de jeu, qui ruine sa famille. Pour essayer de se racheter, Nicolas rejoint l’armée. Pierre Bézoukhov, qui s’est affilié à la franc-maçonnerie, retrouve le prince André, devenu mélancolique, mais décidé à faire des réformes sur ses terres, et en particulier, désireux d’affranchir ses serfs. Rendant visite à la famille Rostov, André est troublé par le charme de la jeune et joyeuse Natacha. La situation financière des Rostov est mauvaise. Le vieux comte s'est fait gruger par ses intendants. Après la paix de Tilsitt, la Russie, devenue alliée de Napoléon, se met à l’heure française. Au cours du bal donné par l’empereur Alexandre Ier, André tombe amoureux de Natacha. Il révèle ses sentiments à son ami Pierre Bézoukhov, mais doit tenir compte de l’avis de son père, qui lui impose un délai d’un an avant le mariage. De son côté, Nicolas Rostov se rend compte qu’il est amoureux de sa cousine Sonia, mais elle est pauvre, et il lui faudrait un parti riche pour rétablir les finances familiales. Tandis que le prince André est parti à l’étranger pour ne pas revoir Natacha pendant un an, Pierre Bézoukhov sombre à son tour dans la mélancolie. Natacha, un peu étourdie, se laisse séduire par Anatole Kouraguine, le frère d’Hélène, un mauvais garçon, déjà marié. Pierre arrange l'affaire, mais le prince André, prévenu de la chose, rompt les fiançailles, et repart pour l’armée. Pierre a fait comprendre à Natacha qu'il l'aime lui aussi et qu’elle peut compter sur lui. La nouvelle campagne de la guerre se porte maintenant en Russie, car Alexandre Ier et Napoléon ont rompu la paix. Napoléon envahit la Russie et parvient à Moscou que les habitants ont déserté. Pierre Bézoukhov est fait prisonnier par les Français et passe quelques mois difficiles. Mais l’hiver arrive et l’armée française se retire piteusement, Pierre est délivré, par contre le prince André est frappé à mort dans un combat. Très grièvement blessé, il est soigné avec dévouement par Natacha et par sa sœur Marie. Mais il meurt. Après bien des péripéties, Natacha épouse Pierre Bézoukhov, et Nicolas épouse la princesse Marie.

Dans ce maelström, où se mêlent intrigues sentimentales, reportage et réflexions sur la guerre (on s’y croit vraiment), chroniques familiales (les Bolkonsky, les Rostov), Tolstoï peint adroitement la vie de la haute société aristocratique russe (dont il faisait partie), qui passe de l’insouciance au drame, et qui vit déjà sur un volcan – qui aboutira un siècle plus tard à la Révolution russe. Les personnages sont nombreux et se croisent à un moment ou à un autre, soit sur le théâtre des opérations belliqueuses, soit dans les havres de paix que représentent Moscou (au début, car ensuite la ville est en ruines, pillée et incendiée), Pétersbourg ou les grands domaines seigneuriaux. C’est avant tout un roman en mouvement, car outre les va-et-vient entre les zones de guerre et celles où se déroule la vie plus ordinaire, les caractères des personnages, leurs sentiments, les relations qu’ils ont les uns avec les autres, évoluent sans cesse, comme le flot courant de la vie.

Pierre Bézoukhov est à la fois naïf et intelligent, à la recherche de l’absolu, du bien, de la vérité (d’où son intérêt pour la Révolution française, pour la franc-maçonnerie), mais aussi balourd et maladroit, aussi bien dans sa vie sentimentale que dans les aspects pratiques de la vie quotidienne. Il est profondément bon, et c’est pourquoi Natacha s’attache à lui, et lui remet les pieds sur terre. Pendant sa captivité, il voit la mort de près, et découvre les hommes du peuple et leurs qualités, notamment le moujik Platon Karataiev, simple et résigné, qui affronte la mort avec courage, et aime tous les hommes d’une façon égale : "il ne connaissait ni l’attachement, ni l’amitié, ni l’amour tels que Pierre les comprenait ; mais il aimait chacun et vivait amicalement avec tous ceux que la vie mettait en sa présence, non pas avec tel ou tel homme en particulier, mais avec tous les hommes qu’il avait sous les yeux." A la suite de cette expérience, Pierre comprend dès lors mieux comment orienter sa vie : "ici, pour la première fois, il appréciait dans son intensité la jouissance de manger quand on a faim, de boire quand on a soif, de dormir quand on a sommeil, de se chauffer quand on a froid, de parler quand on a envie de le faire et d’entendre une voix humaine." Par certains aspects, Pierre Bézoukhov s’apparente au prince Mychkine de Dostoïevski, dont L’idiot paraît à la même époque.

Lui ressemblant quelque peu (ils sont tous deux à la recherche du sens de la vie, d’où leur amitié), sauf qu’il est beau et plein de prestance, le prince André Bolkonski est un personnage plus tragique. On a l’impression au début du roman qu’il se place un peu à part, intelligent, mais amer et sarcastique. On ne le sent guère amoureux de sa femme (mariage de raison ? On ne sait pas), et il part à la guerre, l’abandonnant, pourtant enceinte, le cœur léger. Mais dans les épreuves subies, la première blessure, la proximité des grands chefs, il fait la part des choses, même s’il garde une certaine ambition de vie : "il avait pleine conscience de son détachement des choses terrestres et en éprouvait une joyeuse, une étrange légèreté. Il attendait l’inévitable sans hâte, sans inquiétude." La mort en couches de sa femme l’abat momentanément. Il découvre les vraies valeurs de la vie, se consacre alors à ses paysans et à l’amélioration de leur sort, laissant l’éducation de son fils à sa sœur Marie et à un précepteur suisse. Il ne croit plus à l’amour, mais quand il rencontre Natacha, c’est le coup de foudre. Pour elle, il reprend sa vieille ambition de vouloir réformer l’armée russe et remet un mémoire en haut lieu. Mais il sort meurtri de la pseudo-trahison de Natacha, et se jette dans le combat pour mourir. Il a la joie de se savoir aimé lors de sa longue agonie.

Natacha Rostov est sans doute le personnage féminin le plus savoureux. Frivole, espiègle, tendre et toujours sincère, elle papillonne, est sans cesse amoureuse, tout en s’en défendant. Elle connaît le malheur d’aimer, quand André lui impose un an d’attente avant de l’épouser. Et sa jeune nature reprend le dessus. Courtisée par le bel Anatole, elle perd la tête et s’apprête à s’enfuir avec le séducteur. Heureusement, sa cousine Sonia et Pierre Bézoukhov (qui l’aime secrètement, mais ne veut pas marcher sur les brisées du prince André, son grand ami) veillent au grain. En restant pendant des semaines au chevet d’André à l’agonie, elle se rachète, même aux yeux de Marie, la sœur d’André.

La princesse Marie est l’autre personnage féminin essentiel. Laide, elle peut pourtant avoir un beau sourire. Elle est surtout très croyante, et accueille volontiers au domaine les vagabonds du ciel, ces personnes qui vont errant, vivant exclusivement pour Dieu, et demandant la charité. Des sortes d’illuminés, que son père ne peut pas sentir. Quand elle tombe amoureuse à son tour, alors que toutes les tentatives de la marier ont échoué (en partie parce qu’elle ne veut pas quitter son père veuf : on se croirait dans un film d’Ozu), elle a compris qu’elle a aussi touché le cœur du frivole Nicolas, elle sait que c’est définitif, et elle se moque bien de savoir si ça aura une suite, s’il voudra bien épouser un laideron comme elle. Elle saura attendre. "Elle savait qu’elle aimait pour la première et la dernière fois de sa vie, elle se sentait aimée, et elle en était heureuse et calme."

Nicolas Rostov est aussi un beau caractère. Absolument immature, il est attiré par tout ce qui brille et ne sait pas se défendre. Le tsar Alexandre Ier le fascine, il en est presque amoureux. Mais il découvre, derrière les prestiges des personnages officiels, la faiblesse et la vilenie, le souci des honneurs et l’incapacité de certains chefs. Il s’amourache aussi de certains de ses camarades officiers, dont le fameux Dolokhov qui le pousse à jouer et à perdre une somme fabuleuse, dette d’honneur qui va enfin le faire mûrir. Mais c’est dans la rencontre avec la princesse Marie qu’il va trouver le calme dont il a besoin pour s’occuper de ses terres et de ses paysans, comme son père n’avait pas su le faire. Et pour devenir un homme, enfin.


De nombreux autres personnages gravitent autour d’eux : les Kouraguine, à la recherche de riches mariages, Hélène qui fera le malheur de Pierre Bézoukhov, et son frère Anatole, irrésistible séducteur et fieffé coquin. Sonia, la cousine des Rostov, élevée avec eux, et qui s’est toujours effacée et sacrifiée : "elle avait l’habitude de se sacrifier pour autrui. Sa situation dans la maison était telle que seul l’oubli de soi lui permettait de montrer sa valeur, et elle avait trouvé naturel de s’effacer toujours." Elle renoncera à l’amour de son cousin pour vivre dans son ombre. De tous les personnages du livre, elle seule et la princesse Marie (pourtant elles ne s’aiment pas, forcément, puisque Nicolas Rostov est un obstacle entre elles deux) connaissent la vraie valeur de la vie, sans avoir besoin de passer par les épreuves terribles de la guerre, de la trahison, de la captivité et de la mort. Le jeune Pétia Rostov trouvera, à quinze ans, une mort héroïque, dans un très beau passage : c’est aussi poignant que la mort de Gavroche sur les barricades, il y a la même absence de crainte, la même désinvolture suicidaire, la même gaieté en face du danger.

La guerre et la paix regorge de tableaux admirablement agencés, qu’il s’agisse des scènes militaires ou des scènes de la vie civile. La vie en ville est ponctuée de bals, de divertissements, d’intrigues sentimentales ou matrimoniales, alors que la guerre rôde. Tandis que Moscou est livré aux ennemis, pillée et brûlée (la vision de Moscou livrée aux Français est dantesque), à Petersbourg, les intrigues, réceptions, bals, continuent dans le luxe, l’hypocrisie et le confort. Quant à la guerre, elle est montrée comme une sanglante boucherie, un entrecroisement de hasards, d’absurdités et de confusion, dans lesquels les génies militaires sont perdus. Ils sont constamment dépassés par les événements. Seul Koutouzov, en vieux sage, conduit comme il faut la poursuite derrière la Grande armée en débandade. Tolstoï livre aussi une véritable philosophie des guerres. Selon lui, elles ne sont jamais menées à l’initiative d’un homme, mais par le destin, le hasard et les prétendus génies militaires (comme Napoléon qui, par parenthèses, est ramené à sa juste valeur, à sa petitesse, à sa folle mégalomanie, et même à son incapacité, dans les pages savoureuses qui lui sont consacrées) ont simplement eu le bon goût d’être là au bon moment. Ils ne sont que l’instrument d’événements qui les dépassent : ils se croient libres et ne sont que les jouets des circonstances et de la nécessité. Quant à l’héroïsme, c’est souvent une façon d’enjoliver des manières d’agir peu reluisantes. A cet égard, le sac de Moscou est édifiant !

Que peut-on ajouter ? Evidemment, certains pourront s’ennuyer ou s’agacer à la lecture des pages guerrières, des récits de bataille, surtout les lecteurs français : l’armée de Napoléon est un ramassis de soudards pillards et une horde de barbares incendiaires, leurs chefs sont des imbéciles. Je trouve plutôt cet aspect réjouissant ! Ou bien dans la deuxième partie de l’épilogue, entièrement consacrée à une leçon de philosophie de l’histoire. Mais l’ensemble est porté par un mouvement d’une intensité incroyable, c’est un livre humain, divertissant, où il se passe toujours quelque chose, à la fois intime et épique, social et sentimental (les histoires d’amour sont parmi les plus belles que j’ai lues), romanesque et humoristique, tranquille et hallucinant, tragique et grandiose. Cette épopée nationale, pleine de bruit et de fureur, a des résonances shakespeariennes dans la présentation des personnages réels, comme Napoléon, Rostopchine, Alexandre Ier, Koutouzov, Bagration, Murat, etc. "Ces hommes entraînés par la passion étaient les exécuteurs aveugles de la nécessité, mais ils se considéraient comme des héros et s’imaginaient que ce qu’ils avaient accompli était la chose la plus digne et la plus noble."

Peut-on dire de La guerre et la paix que c’est un chef d’œuvre absolu, ce qui ne veut rien dire ? Je pense que bien des lecteurs caleront (surtout ceux d’aujourd’hui, habitués à la minceur des petites gorgées de bière de quelques pages), car il faut savoir prendre son temps, et étaler la lecture sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, comme je l’ai fait. Ce n’est pas un roman pour lecteurs pressés qui veulent savoir tout de suite ce qui est arrivé aux personnages. C’est un livre qu’on n’avale pas, qui se mérite. Comme tous les grands livres ? La traduction d’Henri Mongault coule de source et passe admirablement bien à haute voix.


Pour conclure, je dirais qu’un roman dans lequel on trouve cette phrase superbe : "Et d’ailleurs qui donc la médecine a-t-elle guéri ? Elle ne s’entend qu’à tuer !" ne pouvait que me séduire !

Aucun commentaire: