vendredi 12 juillet 2024

12 juillet 2024 : le poème du mois

 

            De toute son existence, mon père n’a jamais fermé la portière de la moindre voiture. Ma mère verrouille sa maison à cinq heures du soir. Deux visions du monde.

               (Alba Donati, La librairie sur la colline, trad. Nathalie Bauer, Globe, 2022)

 

            Voilà que le mois de juillet s'avance, que les jours ont commencé à raccourcir, que le temps est toujours médiocre, mais que je me sens bien ! Je continue mes lectures en EHPAD, les personnes très âgées (moyenne d'âge 95 ans) commencent à me bien connaître. Je choisis des textes narratifs brefs entrecoupés de poèmes ; lundi dernier, ils étaient un homme et six femmes (3 en fauteuil roulant), je leur ai donné du Christian Bobin, Paul Auster, Jean-Philippe Blondel, et des poèmes de Victor Hugo. Et, entre chaque lecture, je les ai laissé parler, à la fois de ce qu'ils venaient d'entendre et de ce qui leur passait par la tête. C'était sympa, une bouffée d'air venue de l'extérieur et très appréciée.

            J'ai retrouvé les documents de mes cyclo-lectures et vous livre un des poèmes qui avait fait un tabac auprès des auditeurs. J'avais dû, sur leur demande, relire une deuxième fois cette berceuse en fin de lecture.  


Dors mon enfant


Dors mon enfant dors

Quand tu dors

Tu es beau

Comme un oranger fleuri


Dors mon enfant dors

Dors comme

La mer haute

Caressée par la tempête

De la brise

Qui vient mourir en woua woua

Au pied de la plage sablonneuse


Dors mon enfant dors

Dors mon beau bébé noir

Comme la promesse

D’une nuit de lune

Au regard de l’aube

Qui naît sur ton travail


Dors mon enfant dors

Tu es si beau

Quand tu dors

Mon beau bébé noir dors


Eblongué Epanya YONDO

(Kamerun ! Kamerun ! Présence africaine, 1960)

 

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