vendredi 10 décembre 2021

10.12.2021 : du soleil plein les yeux dans le Morbihan

 

Se fuir. Quelle blague. On n’est jamais plus soi-même que lorsqu’on est loin de son port d’attache, de ses racines, de sa vie ordinaire.

(Michèle Gazier, Les passantes, Seuil,2020)



                                                Vannes : Tour du connétable (cliché Christine M.)

Je suis donc arrivé à Vannes le 24 novembre en fin d’après-midi. La nuit était tombée. Il ne pleuvait pas. J’étais un peu rompu par un voyage qui avait duré plus de six heures, avec arrêt et changement à Nantes. Le train avait longé la mer entre Rochefort et La Rochelle, ce qui avait été bien agréable, puis avait traversé la Vendée sous un ciel changeant. Christine m’attendait, avec du soleil dans les yeux, et je suis monté dans la voiture.


J’ai eu l’impression de redécouvrir Vannes, avec ma « cicerone » qui a su me faire visiter la vieille ville comme si j’y venais pour la première fois. Il est vrai que je n’y étais jamais venu si tard dans l’année. Et puis, surtout, il y avait son exposition de photos D’eau et de lumière, présentée à la Bibliothèque universitaire de Vannes pour fêter son départ à la retraite, et qui avait été retardée pour cause de covid. Une vingtaine de photos en couleurs et grand format de paysages reflétant effectivement la lumière qu’elle voit sur les étangs, les bords de mer, les brumes et les arbres, en Bretagne, dans les Vosges, aussi bien que dans les pays étrangers qu’elle a visités. C’est très réussi et un bel hommage de ses collègues. On a fêté ça dans une crêperie, évidemment.


 

Mais il y avait aussi d’autres expositions : celle de Cécile Borne (artiste, mais aussi danseuse et chorégraphe), au château de l’Hermine, qui a pour champ de recherche les déchets de tissus et de plastiques rejetés par la mer et qu’elle collecte sur les côtes. Elle en fait des œuvres d’art contemporain surprenantes, tout en nous faisant prendre compte de problèmes écologiques et de notre gaspillage.

 

Plus loin, nous avons visité au Musée des Beaux Arts de Vannes appelé La cohue, l’exposition Essaim du collectif le CRIMP (Centre de Recherche International en Modélisation par le Pli). Une installation de figures faites à partir du papier, suspendues en l’air et où on devine des nuages, des oiseaux, des poissons, tout ce qu’on peut imaginer. Un univers fascinant et une expo gratuite.




En promenade dans les environs, outre les paysages de bord de mer que la belle presqu’île de Rhuys nous offrait, le Moulin de Pen Castel proposait une exposition de deux artistes burkinabés, le sculpteur Kossi Traoré et ses œuvres d’imagination de formes variées et parfois filiformes, le peintre Ako Wilson et ses peintures qui reflètent la vie quotidienne, mais aussi son imagination dans des formes colorées très contemporaines. Toujours gratuit dans un magnifique moulin restauré qui utilisait autrefois la marée. 


                                                                                                         Ako Wilson


                                                                                                    Kossi Traoré

On a poussé jusqu’à Lorient, où il y avait une exposition de photos d’Anita Conti dans l’hôtel Gabriel : un superbe hôtel particulier qui domine le port de Lorient et qui date du XVIIIème siècle, une des réalisations de l’architecte de la Place de Bourse de Bordeaux, Jacques Gabriel. Anita Conti (1899-1997), aventurière téméraire a navigué avec des océanographes et des marins-pêcheurs, alerté dès les années 30 sur les dégâts de le pollution des océans et de la surpêche, écrit quelques livres et surtout a photographié la mer et les marins. Ses photos présentées ici, en noir et blanc, prises sur le vif, parfois dans des conditions acrobatiques, montrent la dureté de la vie des pêcheurs hauturiers. Son fils adoptif, Laurent Girault-Conti, nous a fort bien lu ensuite des poèmes d’Anita Conti, extraits de son recueil Les vaisseaux du hasard, que j’ai acheté et lu dans le train en quittant Vannes : un ton hugolien. Une belle journée qui avait été entamée par un déjeuner dans un restaurant japonais (excellent) près de Crach.


 

 

Et puis, comme c’était le mois du documentaire et que Christine est très amatrice, elle m’a emmené à la Médiathèque de Pleucadeuc pour voir Akeji, le souffle de la montagne, de Mélanie Schaan et Corentin Leconte. Akeji, peintre renommé, descendant de samouraïs, a choisi délibérément de vivre une vie d’ermite sobre et dépouillée dans un coin isolé de la montagne avec sa compagne Asako. Ils font leurs pigments pour la peinture avec des plantes. Ils sont vieux. Ils sont sereins. Très émouvant.

Et puis, à Auray, il y avait le FADA (Festival Alréen du Documentaire d’Aventure). Nous y avons vu deux films.


Ciné searcus, un rêve collectif, de Pauline Lepéculier, conte l’épopée des familles de saltimbanques, comédiens, musiciens et circassiens, qui se sont regroupés et ont décidé de prendre la mer pour proposer leurs spectacles de plain air au Sénégal, aux îles Canaries et du Cap vert et aux Antilles. Un film festif et une aventure passionnante.

                                                                                les nonnes en goguette

Les Semeuses de joie, de Caroline Riegel, sont des nonnes bouddhistes avec qui la cinéaste s’est liée d’amitié. Elles n’ont jamais quitté leur vallée du Zanskar. La cinéaste décide de leur faire visiter l’Inde. Elles découvrent ainsi un monde inconnu, celui de la modernité. Leur joie permanente (et intérieure) est donc confrontée à la vie trépidante des transports actuels, des villes tentaculaires, à la découverte de la mer. Aucune ne souhaite quitter définitivement leur vallée... Et la vie continue. Un film à méditer, qui enrichit notre âme et qui va passer prochainement sur Arte.

Quatre jours en Bretagne presque trop pleins, avec un scrabble en soirée, que du bonheur, que d’amitié, que de soleil !

 

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