jeudi 19 septembre 2019

19 septembre 2019 : encore un cycliste "étranger" chez moi !


un lecteur, aujourd’hui, est devenu très difficile à attraper. C’est une espèce en voie de disparition.
(Luc Chomarat, Le dernier thriller norvégien, La manufacture de livres, 2019)


José Manuel, habitant Malaga, après une carrière de trente ans comme administrateur de biens (à raison de 12 h par jour, m’a-t-il dit), charge à laquelle il avait succédé à son père, y a fait succéder son fils, et depuis occupe sa retraite (qu’il a pu prendre jeune, à moins de 60 ans) à faire du théâtre amateur (ses deux derniers spectacles, Le dîner de cons de Francis Weber et Mort accidentelle d’un amarchiste, de Dario Fo !), à apprendre le français en participant à un club de lecture en français et en lisant deux livres français par mois (ce mois-ci, il a Le Grand Meaulnes, et La peste au programme, rassure-toi, Luc, le lecteur n'est pas encore une espèce disparue, même si José m'a avoué n'avoir lu que de la littérature professionnelle pendant ses trente ans de carrière, en fait il a redécouvert le plaisir littéraire), à pratiquer l’échange de maisons et l’amitié, et s’est mis à l’usage de la bicyclette. Il fait donc des randonnées à bicyclette, en Espagne mais aussi en Écosse, en Allemagne, en Italie ou en France, seul ou parfois en compagnie de sa femme ou d'amis. 

José défait ses affaires : depuis mon vol de vélo en 2017, 
je fait monter dans mon salon les vélos des "warmshowers"
 
Et voici que c’est un nouvel invité du site "Warmshowers" qui débarque chez moi. Car José a choisi Bordeaux comme point de départ d’une rando à vélo jusqu’à Compostelle, soit 1000 km environ. Il est chez moi hier après-midi et n’a pas été déçu de son bref séjour. Il a pu communiquer en français (un peu laborieux et fautif, mais plutôt moins que mon anglais), nous a apporté un saucisson de Malaga et un fromage de brebis espagnol. Ma sœur Maryse avait préparé du riz et une ratatouille, j’ai fait un plat de salade (tomates, betteraves, avocat) et cuire le poisson (des filets de vives achetés au marché), et fignolé une salade de fruits (pêche, orange, banane, raisin, poire), que j’ai aromatisée au Cognac. Car Maryse était sortie pour récupérer à la clinique son amie S., qui devait dormir chez moi, après avoir subi une anesthésie générale : heureusement que j’ai trois lits et un canapé. De plus, ma nièce Pauline était aussi du dîner, après quoi elle est rentrée chez elle. Elle a débuté lundi dernier son stage-formation de dix-huit mois d’assistante dentaire dans une clinique de chirurgie dentaire bordelaise.

prêt à gagner la chambre

Inutile de dire que la conversation a été variée : entre le compte rendu des péripéties médicales de S., l’évocation par Pauline de ses débuts dans un nouveau milieu professionnel, et les racontars fort intéressants de José Manuel, je n’ai pas pu en placer une, et pourtant Dieu sait si je suis bavard… Mais j’ai apprécié de rester silencieux. Fort de sa situation en profession libérale (il y gagnait très bien sa vie), José Manuel s’est constituée une retraite privée par capitalisation et a pu partir à 53 ans. Il ne touchera sa retraite publique (par cotisation) qu’à 67 ans et y aura droit, car il faut trente années de travail et il les a : pour lui ce sera un petit rajout. Il vit très sobrement. Il nous apprend que son fils (30 ans) a revendu le bureau d’administration des biens, pour vivre autrement, voyager seul : il ne se voyait pas faire ce travail toute sa vie ! Mais le père et la mère n’ont pas protesté : les jeunes doivent vivre comme ils le souhaitent. Leur fille (32 ans), après une carrière dans la publicité, en a eu marre aussi et s’est reconvertie dans le tatouage à Berlin…

lors de mon dernier voyage à Paris, dans une galerie
un vélo devant des peintures faisait partie de l'exposition

Et ce matin, je l’ai accompagné à vélo à huit heures du matin, pour admirer le lever du soleil sur la Garonne et ses effets sur la Place de la Bourse, découvrir les principaux sites du centre ville, puis je suis resté avec lui sur un bout de chemin pour le mettre sur la piste cyclable qui rejoint, via Lacanau la fameuse Vélodyssée sur laquelle étaient partis mes deux cyclistes londoniens, Ananda et Rudy, le 9 juillet dernier, pour remonter jusqu’en Angleterre. José Manuel, lui, ira bien sûr vers le sud. Quelles magnifiques rencontres procure l’inscription sur le site "warmshowers" ! Je pense que je l’utilserai pas mal pour des contacts humains lors d’une prochaine randonnée, si je suis encore capable d’en faire. Car, pour l’instant, j’ai surtout été hôte, et une seule fois invité (à Genève en 2017). C’est un des bienfaits d’internet...

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