l’idéologie
du bonheur exige une croissance de consommation de bien-être en
établissant le terrain favorable pour l’éclosion de nouveaux
besoins.
(Jacques
Ellul, Métamorphose du bourgeois,
Calmann-Lévy, 1967)
une rizière le long non loin d'une piste
Nous sommes bien logés à l’hôtel Orchidée de Bekopaka, où nous retrouvons bien des personnes avec qui j’avais noué des liens pendant le convoi, Notamment les Taïwanais, les gens du Nord, les Lithuaniens et les Belges. Au dîner, se fête l’anniversaire d’une des Lithuaniennes, je vais l’embrasser. Le lendemain, on se lève tôt pour aller aux Tsingy de Bemaraha.
les Tsingy vus de notre perchoir
au loin, sur un autre "perchoir", un autre groupe
Les
Tsingy, à une heure de piste, sont une formation rocheuse de type
karstique constituée de pitons calcaires. Ici, c’est devenu un
parc national, ce qui a permis de sauver la faune et la flore locales
et de filtrer l’afflux de touristes. Le guide, très sympathique,
nous harnache d’un baudrier et de mousquetons, car nous allons
suivre un circuit balisé mais assez contraignant, avec passages
difficiles le long de parois abruptes, sur une passerelle de planches
soutenu par des cordes, et dans des grottes où il faut presque
ramper…
un arbre arrive à pousser dans le chaos karstique
notre guide surveille les arrivants
la passerelle au-dessus du vide : le grand frisson
Des
arbres et des fleurs (euphorbes) poussent miraculeusement au milieu
de cet entrelacs de pierrailles et de ce relief étonnant où
pointent quasiment des flèches de cathédrales naturelles. On fait
une pause sur un des sommets. En repartant, on traverse un bout de
forêt presque intacte (rare à Madagascar) où vivent lémuriens,
serpents (inoffensifs) et oiseaux.
Au
retour, on mange dans une gargote malgache où les fruits se révèlent
excellents. Et à l’hôtel, nous retrouvons Marinette, qui a
renoncé à l’expédition, comme moi-même j’avais pensé le
faire, tellement j’étais fatigué hier au soir. Mais je ne
regrette pas d’avoir fait un peu d’escalade à presque 73 ans,
sous une chaleur qui nous a liquéfiés. Lavage de linge et douche
furent bienvenus.
un lémurien dans les arbres aux abords des tsingy
des fleurs aussi contre la muraille
la petite gargote
Et
le lendemain, descente vers le sud par la piste qui conduit à Belo
sur Tsiribihine : on aperçoit des baobabs, des termitières,
quelques villages, des brûlis. En approchant de Belo, nous croisons
quelques charrettes attelées à des zébus et transportant êtres
humains et marchandises. Après manger, nous traversons le fleuve sur
un bac : 40 minutes de navigation, car l’autre embarcadère
côté sud est bien plus à l’est. Descente sur le bac et sortie du
bac sont spectaculaires.
notre 4/4 avec un as pour chauffeur
Au
bout d’une nouvelle heure de piste, nous débarquons au Lodge de la
Saline, bel éco-hôtel au bord de marais salants, de lagunes, de
mangrove. Un guide de l’hôtel nous conduit vers 19 h dans la forêt
proche à la recherche des microcèbes (petits lémuriens nocturnes
ne dépassant pas 60 gr) ; nos lampes frontales découvre leurs
yeux rouges brillant sur les branches des arbres voisins. Le guide
nous montre aussi un gros caméléon endormi.
le guide-animalier et ses lémuriens
au bord de la piste, des tombeaux
Le
lendemain matin, alors que je préparais mon bagage, un lémurien
téméraire est entré dans ma chambre, très familièrement. Nous
repartons vers le sud, arrêt dans la parc national de Kirindy, où
nous voyons des oiseaux (huppe fasciée, perroquet, tourterelle à à
masque de fer…) et des arbres superbes (aroufy, ébène,
palissandre, baobab). Un peu plus loin, nous passons devant le baobab
sacré. Arrêt un peu plus loin dans la forêt à un
restaurant-paillotte où nous retrouvons nos Taïwanais (l’un d’eux
est un vrai globe-trotter, il est allé dans plus de 90 pays !). Puis
nous arrivons à la fameuse Allée des Baobabs de Morondava, où le
spectacle du coucher de soleil est grandiose.
le baobab sacré
l'allée des baobabs vers 17 h
autre aperçu avec des humains à côté
À
Morondova, hôtel Coco Beach, où nous donnons notre linge à laver
pour un prix dérisoire (j’ai ajouté un bon pourboire, car on payé
le lavage au patron de l’hôtel et qui sait ce qu’a reçu la
femme de ménage ?). Surprise au réveil le lendemain matin :
Valérien, 29 ans, que Marinette a connu dix ans auparavant, nous
rejoint. Il nous propose d’aller sous sa houlette en pirogue à
balancier au village de pêcheurs voisin, car il faut traverser un
bras de mer. Au moment d’entrer dans la pirogue, alors que nous
avons les pieds dans l’eau jusqu’à mi-mollet, je ne lève pas
les pieds assez haut et retombe en arrière dans l’eau. Plus de
peur que de mal, l’appareil photo que j’avais à mon cou n’est
pas mouillé et le sac à peine, car j’ai eu le réflexe de me
redresser avant d’être complètement tombé.
nous occupions deux pirogues à balancier
voici celle du groupe Jean-Michel
Longue
balade au village où l’on voit la fabrication de boutres et de
pirogues, de balanciers. Maisons traditionnelles en torchis et toit
de chaume. Au retour, c’est Bernard qui se casse la figure,
heureusement retenu par les autres avant d’être trop mouillé.
un enclos à cochons au village des pêcheurs
une pirogue en construction
en pantalon crème, Valérien
Retour
à l’hôtel, construit en bord de mer, et menacé par l’érosion
des grandes marées et des tempêtes qui y sont liées. Le
propriétaire est un musulman d’origine indo-pakistanaise, on les appelle ici "karana" (prononcé karane, car le a final est élidé). Il parle
très bien le français, ce qui est loin d’être généralisé dans
cette partie ouest trop éloignée de la capitale.
le Coco beach
Puis
on se promène en ville, où nous remarquons deux mosquées
imposantes, un marché développé (achat de poivre noir, de curcuma
et de miel de baobab). Bon repas du soir au Corail. Et le lendemain,
départ vers Bélo-sur-mer. Presque 4 heures pour parcourir les 90 km
de pistes, avec traversées de marigots, de zones maritimes salées,
dans un paysage de plus en plus proche du désert : végétation
rare et rabougrie, cactus et autres plantes épineuses… quelques
péages à chaque entrée de village (l’argent n’arrive guère
ici, c’est le moyen pour les paysans d’en récupérer un peu).
une mosquée
la piste et la végétation en voie de désertification
À
Bélo-sur-Mer, logement à l’hôtel le Dauphin, dans des petits
chalets individuels (patron français). Mes voisins sont un couple
italo-allemend, elle parle bien français, lui seulement anglais. Douche d’eau froide.
Cadre superbe pour une semaine de farniente, repas succulents.
Baignade dans le bras de mer juste devant. Derrière un cordon
littoral avec quelques cabanes de pêcheurs.
mon chalet
pirogue à balancier
le flamboyant superbe
dans l'expo, fragment de mâchoire d'une baleine échouée l'an passé
Au
matin, je discute avec un Croate, ancien légionnaire, qui est avec
une jeune Malgache. Je découvre la confiture de jujubes. Visite au
chantier de boutres, du village où trône un superbe flamboyant,
puis de l’exposition sur la région, ses habitants, la faune et la
flore, le corail… L’après-midi, baignade dans la mer au-delà du
cordon littoral. Des petites filles me proposaient de très beaux
coquillages, mais je n’avais pas d’argent sur moi ! Le soir,
langoustes énormes au dîner.
au bistrot du village, le chat fait sa toilette
le marais salant sous le soleil écrasant
le sel, mis en sac, transite par bateau ou camions
Puis, après un arrêt au marais salant,
retour à Morondava avec nos deux 4/4 et nos chauffeurs. Changement
d’hôtel, balade en ville en pousse-pousse, dîner de nouveau au
Corail où Valérien nous a rejoints. Sortie sous la pluie : des
vélos-taxis nous ramènent, Patricia offre sa lampe frontale à son
conducteur, constatant qu’il n’avait pas de lumière, je fais de
même avec le nôtre…
femme avec masque protecteur (cliché M. Vidal)
Au
départ, le lendemain matin, Valérien nous présente Anne-Marie, sa
fiancée. Et nous quittons les 4/4 pour rejoindre Antsirabé, via
Miandrivazao : près de 8 heures de routes souvent défoncées.
Nous y retrouvons l’hôtel Le Retrait, où nous arrivons après un
orage superbe. Désormais, il pleuvra tous les jours en fin d'après-midi et début de soirée.
village en bord de piste (cliché M. Vidal)
Fin
de la cambrousse et des villages ou petites villes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire