samedi 26 août 2023

26 août 2023 : du ciné en été

 

Les plus beaux films […] n’enferment pas, bien au contraire. Ils ouvrent de nouvelles possibilités, de nouvelles prises de conscience. […] Le cinéma nous donne une image vraie de la réalité.

(Tove Jansson, Fair play, trad. Agneta Segol, Le livre de poche, 2021)


C’est la première fois depuis que je passe tout l'été à Bordeaux, que je ne quitte pas mon lieu de vie depuis plusieurs mois. Moi, le vagabond toujours en mouvement, j’ai bien été obligé d’arrêter de bouger pour des raisons médicales. Heureusement que le vélo, que j’ai pu reprendre le 26 juillet sur les conseils du kiné, pour essayer de remeubler mes cuisses et mes mollets qui avaient fondu, m’a permis de bouger sans quitter – ou presque – la ville, me contentant d’aller au centre (voir des amis et des films) ou de faire des boucles autour du lac ou autour des quais de la Garonne. M’aérer donc en ces jours de chaleur, en un mois j’ai fait environ 540 km, en dépit du vol de mon précédent vélo. De toute façon, comme je suis à la peine en marchant, c’est la solution idéale pour fuir l’appartement qui fut par moments surchauffé. Je pourrais bien aller à la piscine, à 500 m de chez moi, mais j’ai toujours froid dans l’eau et je nage très mal.

Et puis, heureusement il me reste la lecture. J’ai lu pas mal de romans, de nouvelles, de poésie, de pièces de théâtre, d’essais - surtout de sociologie pour essayer de comprendre le monde actuel. J’en parlerai une autre fois, je vais aujourd’hui indiquer quelques films qui m’ont marqué (après une suspension obligée de presque deux mois due à mon voyage à Londres fin mai, et à mon hospitalisation en juin et juillet).

Commençons par les films étrangers :

* Canada : Stéphane Lafleur nous montre dans On dirait la planète Mars la difficulté qui attend les futurs astronautes qui iront vivre dans une future station. Une leçon de vie collective donnée avec humour !

* Espagne : j’ai adoré les deux moyens métrages hispano-américains d’Almodovar, Strange way of life et La voix humaine (ce dernier film, d’après Cocteau). Et plus encore le formidable film de Victor Erice, Fermer les yeux : un réalisateur de films recherche un acteur qui a disparu avant qu’il achève le film qu’ils tournaient ensemble. Un film prodigieux sur la mémoire et le temps passé (durée, près de 3 h).

* Italie : j’ai beaucoup aimé le nouveau Nanni Moretti, Vers un avenir radieux, où il fait un bilan de sa vie, de la politique italienne et de son activité de cinéaste engagé.

* Japon : le film d’animation The first slam dunk met en scène un adolescent qui veut devenir un pro du basket, malgré sa faible taille. Ça m’a rappelé l’unique année où j’ai participé à l’équipe de basket du collège : pareillement ma petite taille me desservait.

* Turquie : Kasaba, le premier film du réalisateur Ceylan, film en noir et blanc sur la vie dans la campagne turque profonde qui m’a rappelé mon enfance. Et j’irai voir prochainement son dernier film, Les herbes sèches (durée de 3 h aussi), dont tout le monde m'a dit le plus grand bien.

Et du côté français, quelques pépites qui n’ont malheureusement pas de succès, la majorité n’ayant d’yeux que pour les gaudrioles américaines. Rien à faire, nous sommes culturellement colonisés.

Un documentaire écolo signé Pierre Jolivet, Les algues vertes, sur le drame de la pollution sur les plages bretonnes.

Le dernier film de Quentin Dupieux, Yannick, toujours aussi déjanté et qui m’a bien fait marrer. Lors d’une représentation théâtrale, un jeune homme interrompt la séance d’une manière outrancière.

La voie royale, de Frédéric Mermoud, explore les difficultés pour une fille de paysans de poursuivre des études supérieures en classes préparatoires, la voie royale qui forme les élites de notre France républicaine. Ou le désarroi de qui se trouve déclassé vers le haut. C’est très bien vu et très bien joué. 

La bête dans la jungle (tiré d’une longue nouvelle d’Henry James) nous montre un jeune homme sûr qu’il av lui arriver quelque chose d’extraordinaire (un destin en somme) et qui entraîne dans sa quête une jeune femme. Ils ne se voient qu’une fois par semaine dans une boite de nuit. Moi qui n’ai jamais aimé ce genre de lieu, j’ai cependant adhéré au film en ce que je me suis assez clairement identifié aux deux personnages et à leur procrastination.

Bref, ce n’est là qu’un échantillon de ce que j’ai vu : je n’aurai jamais vu autant de films en été. Il est vrai que cette année, je ne vais pas fréquenter beaucoup les festivals de cinéma. J’espère que mon état de santé me laissera quand même aller au Cinémed de Montpellier fin octobre et par la même occasion voir les amis et parents qui habitent dans la région.

 

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