jeudi 25 janvier 2018

25 janvier 2018 : le poème du mois.


en mer la solitude, énorme et mystérieuse, frôle l’éternité.
(Enrique Serpa, Contrebande, trad. Claude Fell, Zulma, 2009)




La maison est pareille à la tombe

(Eeva-Liisa Manner, Le rêve, l’ombre et la vision,
trad. Jean-Jacques Lamiche, La Différence, 1994)



La maison est pareille à la tombe : l’homme y habite.
Elle est blanchie à la chaux, elle est froide en hiver. 
Autrefois le défunt emportait son pain et ses armes. Peut-être en avait-il besoin.
La maison est pareille à la matrice : l’enfant s’y retourne.
La maison est pareille à la ferme.
Elle est fermée à clé, on n’a pas le droit d’y aller. Y pénétrer par effraction est un outrage et un crime.
La maison est aussi pareille au livre ; le livre est la tombe du cœur. Aussi trésor du cœur, tous les trésors sont des tombes.
La maison est pareille à la tombe : ne pas déranger, il dort.
La tombe est pareille à la maison : le mort s’y retourne.

J'alternerai "la chanson du moment" et "le poème du mois" !

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