jeudi 26 janvier 2017

26 janvier 2017 : Dalida ou les affres de la solitude


Catherine : C’est pas les sous qui font la richesse. c’est le contentement.
(Jean Giono, Lanceurs de graines, Gallimard, 1943)


Quand j’ai vu que sortait un film biographique sur Dalida, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à mon ami Igor, mort en 2013, et qui aimait tant cette artiste. Je suis donc allé le voir autant pour lui que pour moi. En vérité, je me suis aperçu que je ne connaissais presque rien de la vie de Dalida, ni même de ses chansons : sur la quinzaine de chansons qu’on entend dans le film (et que la réalisatrice a eu la bonne idée de placer souvent en voix off, pour ne pas nous gêner de voir l’actrice qui joue Dalida faire trop de play-back), je n’en connaissais qu’à peine un tiers, surtout des chansons des années 50 et 60, c’est-à-dire de mon enfance et de mon adolescence. Il semble qu’ensuite, je me sois orienté vers une chanson plus "culturelle" et ai snobé Dalida, qui s’est pourtant magnifiquement renouvelée en chantant par exemple, comme on voit dans le film, Je suis malade de Serge Lama ou Avec le temps de Léo Ferré, ou cette belle chanson que je donne en texte intégral à la fin de ma page.


N’en déplaise aux "petits marquis" qui font la fine bouche sur cette production (les mêmes qui s'extasient sur des nullités américaines), je ne me suis pas ennuyé un seul moment et j’ai trouvé le film intéressant. Son manque de succès vient de la paresse du grand public français : il est parlé en grande partie en italien (avec une scène en anglais et une en arabe), et donc il faut souvent lire des sous-titres, ce qui semble condamner ce genre de film ! Il est tout à fait honorable, et moins mélo que le Piaf d’il y a quelques années. C’est une sorte de méditation sur la solitude de l’artiste et sa recherche désespérée de l’amour (en témoigne la très belle chanson Il venait d’avoir dix-huit ans, que je ne connaissais pas, à écouter aussi sur youtube). 

Une chanson chantée dans le film et dont le texte me paraît fort juste, et la cinquième strophe, prémonitoire (paroles et musique de Sébastien Balasko et Daniel Faure) :

Pour ne pas vivre seul
On vit avec un chien
On vit avec des roses
Ou avec une croix

Pour ne pas vivre seul
On s’fait du cinéma
On aime un souvenir
Une ombre, n’importe quoi

Pour ne pas vivre seul
On vit pour le printemps
Et quand le printemps meurt
Pour le prochain printemps

Pour ne pas vivre seul
Je t’aime et je t’attends
Pour avoir l’illusion
De ne pas vivre seul

Pour ne pas vivre seul
Des filles aiment des filles
Et l’on voit des garçons
Épouser des garçons

Pour ne pas vivre seul
D’autres font des enfants
Des enfants qui sont seuls
Comme tous les enfants

Pour ne pas vivre seul
On fait des cathédrales
Où tous ceux qui sont seuls
S’accrochent à une étoile

Pour ne pas vivre seul
Je t’aime et je t’attends
Pour avoir l’illusion
De ne pas vivre seul

Pour ne pas vivre seul
On se fait des amis
Et on les réunit
Quand vient les soirs d’ennui

On vit pour son argent
Ses rêves, ses palaces
Mais on n’a jamais fait
Un cercueil à deux places

Pour ne pas vivre seul
Moi, je vis avec toi
Je suis seul avec toi
Tu es seul avec moi

Pour ne pas vivre seul
On vit comme ceux qui veulent
Se donner l’illusion
De ne pas vivre seul
Pour l'écouter : https://www.youtube.com/watch?v=xOpC0CU8dqY

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