lundi 21 novembre 2016

21 novembre 2016 : vadrouille 1 : Bretagne


C’est pas grave de partir, tu sais, c’est la vie qui veut ça. Faut toujours s’arracher.
(Catherine Poulain, Le grand marin, Éd. de l’Olivier, 2016)


Me voici donc de retour après un périple de dix jours. En Bretagne du 10 au 14 novembre, puis à Paris du 14 au 19. J’ai donc pris le train pour rallier Vannes, et là, le bus pour le Bibliothèque universitaire de Vannes, où m’attendait Christine M., ma collègue de longue date, puisque nous nous connaissons depuis 1982, où elle œuvra sous ma direction en Guadeloupe. Elle était toute jeune alors, puisque nous avons treize ans d’écart, et qu’elle est toujours en activité. Nous nous sommes liés d’une grande amitié : en avril 1984, elle a accompagné Claire au Mexique, tandis que je restais et m’occupais de Mathieu.
Dans le train, j’ai entamé la lecture du roman de Catherine Poulain cité en exergue, que j’ai achevé à Plescop où habite Christine, à qui je l’ai prêté. Un roman de mer, dont l’héroïne est une femme, et que je recenserai un peu plus tard dans ces colonnes. 

 
Aujourd’hui, mon séjour en Bretagne.
Nous étions au "mois du documentaire" dans les bibliothèques du département (comme partout en France). Christine, connaissant mon goût pour toutes les formes de cinéma, avait prévu, dès le soir même, après un repas rapide, de m’emmener dans une médiathèque à 20 km de chez elle voir Le monde perdu, série de courts films documentaires de Vittorio De Seta, datant des années 50, qui nous montrent la fin de la vie traditionnelle en Sicile, en Calabre et en Sardaigne. Films qui m’ont rappelé tout à fait mon enfance landaise dans ces mêmes années.

 
Finalement, l’Italie du sud était à peine plus arriérée que mes Landes : dialectes locaux encore parlés, mêmes peines des hommes et des femmes, mêmes séparations de leurs tâches, même folklore (bals et chants, fêtes et processions religieuses) en voie d’extinction. Dans l’entretien du cinéaste projeté ensuite, Vittorio De Seta nous dit avec humour que "Ce que l’école n’a pas réussi en un siècle par des moyens coercitifs, la télévision a réussi en dix ans : fin rapide de l’usage des langues locales !"

le courant de la Jument (entre la côte et l'île) : cliché Christine M. 
 
Le lendemain vendredi, nous avons fait l’excursion en bateau dans le Golfe du Morbihan jusqu’à l’île aux Moines, que nous avons parcourue le long du rivage, admirant les cabines de bain d’une plage et leur reflet dans la mer aussi bien que les belles maisons et le puissant courant marin ; puis prenant la petite route centrale, nous avons fait une halte devant une petite série de menhirs disposés en fer à cheval. Vu aussi le bar Aloa, "Dernière station avant le désert" et la moto du médecin de l’île. Bref, nous avons respiré le bon air vivifiant, loin du tumulte de la ville voisine, Vannes, très embouteillée par la circulation. Le soir, nous avons fêté l’anniversaire de Christine et fait une partie de scrabble sur un jeu pour lilliputiens (de voyage) qu’elle possède depuis la Guadeloupe.

sur l'île aux Moines, il y avait au moins deux moines : un petit et un grand ! (cliché Christine M.)
 
Le samedi, nous avons filé vers Carnac : balade au bord de la mer, puis visite du Musée de la Préhistoire, où l’exposition était consacrée à un couple d’archéologues amateurs de Nancy, Marthe et Saint-Just Péquart (dans sa famille, tous les garçons premiers-nés étaient prénommés Saint-Just depuis la Révolution) ; cette famille venait tous les étés faire des fouilles (à leurs frais) dans la région, avec des méthodes et techniques d’avant-garde. Ils ont mis au jour des gisements incomparables, notamment dans des petites îles. 

le cromlech en fer à cheval dans l'île aux Moines (cliché Christine M.)
 
Malheureusement, le mari a mal fini : entré dans la Milice (en dépit de son prénom révolutionnaire), il a été fusillé en 1944 à la Libération. À la suite de cette visite, nous avons fait un arrêt-goûter près des alignements de Plouharnel, nettement plus petits que ceux de Carnac, mais non interdits d’approche par une clôture. De là, nous avons gagné successivement les abbayes bénédictines de cette commune (Saint-Michel pour les femmes, et Sainte-Anne pour les hommes), bâtiments somptueux datant de la fin du XIXème, début du XXème, pour y assister aux Vêpres et écouter le superbe chant grégorien. Là aussi, la déchristianisation semble faire son effet : il n’y avait que 17 moniales et 22 moines.

  la chapelle des Vêpres bénédictines

Le soir, repas à la crêperie de Plescop où j’avais dîné avec Claire en 2006, quand Christine nous avait prêté, pendant son absence, son appartement pour nos vacances.
Le dimanche, balade matutinale dans la campagne voisine, magnifiquement colorée par l’automne, jusqu’à un ancien aqueduc : un cèpe ramassé. L’après-midi, visionnement d’un documentaire à la Médiathèque de Plescop : l’iranien No land’s song, dans lequel Ajat Najafi raconte la difficile mise en place d’un concert de femmes solistes dans l’Iran des mollahs. Il a fallu l’aide de chanteuses françaises (Jeanne Cherhal entre autres) pour que la censure accepte que le concert ait lieu, mais uniquement en privé, pour un public choisi. 

Nous avons terminé la soirée par une autre partie de scrabble. On mange toujours très bien chez Christine et j’ai dû repartir avec ma bedaine légèrement arrondie ! 
Et aussi (échange de lecture) avec un polar français se passant à Venise, Laguna nostra, de Dominique Muller, que j’ai commencé à déguster dans le car et fini pendant mon séjour parisien : Christine me connaît bien et savait, en me prêtant ce livre, qu’il me plairait, avec mes fréquents séjours à Venise. L’intrigue policière y est secondaire, la description d’une famille vénitienne assez déjantée et l’atmosphère du lieu comptent davantage. J’ai beaucoup aimé aussi, je m’y suis retrouvé et comme les canaux y sont longuement évoqués, ça m’a rappelé ma fameuse glissade sur les marches ! 


 
En bref, j’ai passé un excellent long week-end, et ensoleillé !!! Grand merci à ma charmante hôtesse !
Et le lundi, je suis allé de Vannes à Paris en bus (compagnie Flixbus). Je ne crois pas que je recommencerai à aller à Paris par ce moyen, car l’entrée dans Paris est absolument problématique, avec la densité de la circulation automobile. Déjà, pour aller à Venise, nous étions arrivés à Bercy avec une heure de retard sur l’horaire prévu, là, nous avons encore eu trois quarts d’heure de retard à l’arrivée Porte Maillot. Sinon, ce n’est pas du tout désagréable.
À suivre...


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