dimanche 29 avril 2007

25 avril 2007 (suite) : Et le lecteur lit


Pas de plan de ville en vue. J’interroge : deux jeunes filles ne savent pas où c’est, elles ne sont pas d’ici – seraient-elle de Saint Jean, elles ne le sauraient peut-être pas davantage, étant plutôt à l’âge où on ne fréquente plus les bibliothèques, sauf s’il y a des CD et des DVD. Un jeune homme non plus n’est pas d’ici, mais me signale qu’à deux pas, dans la rue piétonne proche, il a aperçu le panneau. Effectivement, j’y suis aussitôt. Je passe sous un porche et le bâtiment de la bibliothèque apparaît, c’est ouvert.
Je pose le vélo, entre, me présente, l’employée de la banque de prêt me serre la main et appelle au téléphone Gabrielle S., avec qui j’avais été en contact. La voici qui arrive, jolie trentenaire, elle me fait contourner le bâtiment en poussant le vélo pour entrer par la porte de service. Rossinante passera la nuit à la bibliothèque, bien sagement, et aura son content de livres à déguster. Accueil sympathique des magasiniers de l’atelier de préparation des livres.
Je prends mon sac, Gabrielle va m’emmener chez M. et Mme Bonnin, des lecteurs qui doivent me recevoir pour la soirée et la nuit, et où je pourrai me doucher et m’habiller. Elle n’y est jamais allée, mais a noté des explications manuscrites embrouillées sur un petit papier vert qu’elle me tend. J’apprendrai plus tard qu’elle est nouvelle ici, où elle ne travaille que depuis janvier.
Mais finalement on trouve. Jean-Pierre et Mireille Bonnin habitent à 3 km une belle maison sur un grand terrain. Une chambre quasiment indépendante m’attend. Grand lit, cabinet de toilette. Tandis que je prends ma douche, une autre douche tombe du ciel, ce que je constate un peu plus tard. Comme je demande un fer à repasser pour mes vêtements de scène, quelque peu froissés par le sac, Mireille propose de les repasser elle-même. Pendant ce temps, je fais deux exercices de qi gong pour me délasser. Jean-Pierre prépare un café que je prends avec un biscuit. Enfin, je suis prêt, il est prévu que j’arrive un peu avant 18 h pour les essais d’éclairage.
Les bibliothécaires ont installé une petite estrade avec un fauteuil à accoudoir, une table basse avec une bouteille d’eau et un verre. Deux projecteurs sur les côtés arrière m’éclaireront bien sans m’éblouir. Je fais un petit tour dans la bibliothèque pour faire le vide, et salue Mireille Jules, la directrice, que j’ai connue dans les années 90, d’abord parce qu’elle a passé le certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire sous ma direction en 1990, puis quand il fut question de travaux d’agrandissement vers 1997-1998 – travaux apparemment non encore réalisés à ce jour. Mais franchement, la bibliothèque est charmante telle quelle, même si sans doute elle pourrait être plus grande.
Peu à peu, le public arrive, toutes les chaises ne sont pas occupées, je remarque quelques enfants d’environ dix ans. Le choix des textes – le thème pérégrinations a été choisi par les bibliothécaires, parce qu’entrant dans le cadre de La science se livre 2007, consacré aux explorations – n’est pas vraiment prévu pour eux, j’espère que ce ne sera pas trop long, qu’ils ne s’ennuieront pas et qu’ils seront calmes. De fait, il y en a un qui passe tout son temps à gigoter.
Je me présente, signale que j’ai placé près de la sortie le livre d’or où on peut écrire quelques mots si on le désire, et un béret pour y déposer quelques sous pour m’aider à continuer ma randonnée. Et je me lance. Il est 18 h 10. Pendant toute la séance, je ne regarde pas ma montre. Quand j’achève sur le poème Les étoiles d’Edith Södergran, que je dédie aux enfants, il est 19 h 05. J’avais donc assez bien minuté le temps de mon intervention. Je crois que s’il n’y avait pas eu les enfants, surtout celui qui n’arrêtait pas de gigoter, j’aurais lu peut-être plus lentement, ou du moins avec davantage de silences, et ça aurait duré une heure. Mais dans l’ensemble, c’est plutôt correct. La nouvelle Un petit vélo dans la tête, malgré sa longueur, a été suivie avec attention : j’étais déchaîné et j’y ai mis tout mon cœur, car c’est vraiment un texte que j’aurais aimé écrire.
Un petit quart d’heure de discussion avec le public, qui comprend un comédien professionnel, car Jean-Pierre Bonnin pratique aussi le théâtre en amateur (cette année La leçon, de Ionesco) sous la direction de ce comédien. Une seule personne a écrit trois mots sur le livre d’or, et le béret contenait 12 €. Je ne ferai pas fortune…
Direction, la maison des Bonnin, que rejoignent aussi Gabrielle et Mireille. Apéro, puis sympathique repas, avec au menu une sorte de colombo de porc. Discussion sur les élections : Ségolène a la cote ici, et on ne la sent pas perdante. Et les Bonnin racontent leurs faits d’armes ( ?) en Guinée, où ils ont fini leur carrière vers l’an 2000 : lui, ancien instituteur spécialisé, y était inspecteur de l’éducation. Ils ont deux enfants, une fille et un garçon. Le garçon est devenu comédien et a épousé une Allemande, ils vivent à Lübeck.
Vers onze heures, chacun regagne ses pénates.

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