lundi 29 avril 2019

29 avril 2019 : le poème du mois


c’est même une preuve de salubrité intellectuelle d’être en colère contre l’état du monde.
(Serge Perrin, La décroissance N° 157, mars 2019)


Au moment où le développement humain déraisonnable (la "religion" de la croissance infinie et du toujours plus dans un monde pourtant bel et bien fini) a réussi le prodige de faire disparaître de plus en plus d’insectes (pauvres apiculteurs et leurs ruches victimes des pesticides) et d’oiseaux (mon amie Odile n’a pas vu cet hiver une seule mésange venir grignoter la boule de graisse qu’elle avait mise comme d’habitude sur sa fenêtre), je vous propose ce texte tiré du recueil de Ingela Strandberg, poète suédoise, Le Royaume des bois d’élans, traduit par Virginie Büschel, paru chez Agone en 1999.

Regard de buse

Sa Majesté la buse trône
sur la branche la plus basse du chêne,
n’a pas d’autre vision du monde
que ce royaume qui lui appartient.
Le vent et la neige
s’engouffrent et tourbillonnent
dans ses plumes.

Je suis ravie par son regard,
ce gouffre noir, comme le charbon sur
la robe de neige que j’enfile
à l’extérieur de ma demeure.

Ma vie entière
dépend de son regard.
Quand il décolle c’est ma vie
qu’il emporte dans la forêt
peu importe le lieu où je suis
d’ici je sais
que je pourrai voler.

1 commentaire:

Jacqueline Martin a dit…

Merci pour ce poeme....