mercredi 26 mai 2021

26 mai 2021 : la vie continue


J’ai besoin d’air ; j’ai besoin d’être entourée de champs nus, de sentir mes jambes arpenter les routes ; besoin de sommeil et de vie tout animale. Mon cerveau est trop actif.

(Virginia Woolf, Journal intégral : 15 octobre 1930, Stock, 2008)


En attendant mes prochains déplacements, et entre deux rendez-vous médicaux, j’essaie de faire du vélo (quand il ne pleut pas), je lis beaucoup, j’écris un peu et j’ai recommencé à voir des films au cinéma !



C'est mon premier livre venant de Guyana (ex-Guyane britannique) d’un auteur qui m’était absolument inconnu, Edgar Mittelholzer, et d’ailleurs non référencé dans Wikipedia. Ce métis, qui a beaucoup souffert du racisme (difficile d’échapper aux questionnements identitaires dans son cas), a fini par se suicider à cinquante-six ans. Il est donc originaire de ce petit pays (enfin, pas tant que ça, près de trois fois la Guyane française), situé à l’est du Venezuela. Il fut découvert par le mari de Virginia Woolf, n’oublions que ce dernier avait lancé avec sa femme une maison d’édition devenue célèbre, la Hogarth press. Mittelholzer a écrit plusieurs livres dont un publié par Gallimard dans les années 50

  Eltonsbrody est paru en 2019 aux éditions du typhon. Ce roman gothique se déroule à la Barbade dans les années 50. Un jeune peintre, Woodsley, débarque pour une villégiature ; les hôtels sont complets. Il est accueilli dans une grande maison étrange, battue par les vents et la pluie. Mrs Scaile, la propriétaire, a condamné plusieurs chambres de la maison à la suite de la mort de son époux, un médecin noir très apprécié dans le pays. L’atmosphère est plutôt troublante, lugubre. La logeuse se révèle un personnage inquiétant, morbide : elle prétend voir une "marque" sur les personnes dont la mort est programmée. Eltonsbrody (nom de la maison et titre du livre) se montre haletant, aux frontières du fantastique et du polar ; le narrateur mène une enquête sur les secrets de la vieille dame. Que va-t-il découvrir ? Un bon livre qui, bien que venu de la Caraïbe, est très "british". Une belle découverte faite en bibliothèque.

Et un nouveau livre de l'auteur vient de paraître aux mêmes éditions : Le Temps qu'il fait à Middelshot.

 

Un homme, John, qui vit en Californie avec son mari, Eric, et leur fille adoptive Monica, décide avec sa sœur Sarah, de faire venir leur père Willis (qui habite dans une ferme de l’Illinois, mais est atteint de démence sénile) quelques temps en Californie, afin de lui trouver une maison pas trop éloignée pour pouvoir le secourir. À partir de ce point de départ, ce drame familial, Falling, réalisé par l’acteur Viggo Mortensen (que j’ai eu le plaisir de voir de près au Festival de Marrakech il y a quelques années), fait le portrait d’un homme fruste, tyrannique avec sa femme et ses enfants, et finalement malheureux. Et quand il découvre l’homosexualité de son fils, il ne décolère pas. Le montage est éclaté, de fréquents retours en arrière font appel aux réminiscences du père… Je ne veux pas trop en dire pour ne pas dévoiler l’intrigue davantage. Mais c’est un film humain, centré sur le pardon : en effet, John a besoin de pardonner afin de pouvoir continuer à vivre.

L’acteur qui joue le père, Lance Henriksen, est extraordinaire, ainsi que toute la distribution. Viggo Mortensen s’est réservé le rôle du fils. Fera-t-il, comme Paul Newman, une belle carrière de réalisateur très exigeant ? On verra.

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Sur ce, je file en clinique pour une fibroscopie-coloscopie.

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