mardi 3 mai 2022

3 mai 2022 : une arrivée nocturne à Venise

 

Elle compte les heures, dans le paradoxe du temps ressenti qui fait de tout séjour une éternité et un instant.

(Emmanuelle Favier, Virginia, Albin Michel, 2019)

 

 

                                              mes comparses à Venise : Wadi, Nadia et Wissem      

J’ai saisi l’occasion de faire un saut à Venise (trois nuits, deux jours) lorsque Nadia, ma femme de ménage tunisienne (qui est aussi aide à domicile chez des personnes bien plus âgées que moi), m’a annoncé que Mina, une de ses patientes (89 ans) lui avait offert, pour la remercier de s'être si bien occupé de son mari décédé à 96 ans, un voyage à Venise, à elle et à ses deux enfants (Wissem, 16 ans, et Wadi, 14 ans). J’ai eu l’impression que ça lui faisait peur, bien qu’elle fût très contente, et je lui ai proposé de les accompagner et de leur servir de guide pour ce voyage-éclair. J’ai donc pris un billet d’avion, réservé sans paiement un hôtel (le sien était complet), je l’ai aidée dans ses démarches et on s’est retrouvé à l’aéroport de Bordeaux jeudi 28 avril à 19 h pour un départ prévus à 20h 50 !

 

                                            le bel escalier d'entrée de l'hôtel Ca Nobile Corner

Comme elle avait de l’eau et du lait à emporter (ils faisaient le ramadan et allaient manger à l’arrivée à l’hôtel), je lui avais prêté une valise que mon billet permettait de mettre en soute. J’avais mangé les deux sandwiches que je m’étais préparés juste avant qu’ils n’arrivent. Je suis donc passé à l’enregistrement avec leur valise pleine de vivres. J’avais un simple sac à dos et mon sac en bandoulière. Nous passons donc ensuite les contrôles. On nous annonce quarante minutes de retard pour l’avion, ce qui signifie une arrivée vers minuit au bus de l’aéroport qui doit nous conduire à Venise. Nous sommes donc arrivés à la gare routière de Venise vers minuit 45. Le temps de trouver un vaporetto, il est une heure du matin. Malheureusement il ne s’arrête pas à Ca Rezzonico, l’arrêt le plus proche de leur hôtel, mais à San Toma, l’arrêt précédent.

Je les guide tant bien que mal, dans les sombres ruelles vers le Campo Santa Margherita, où est situé leur hôtel. Heureusement les bars sont encore ouverts, on demande à deux ou trois reprises notre chemin à quelques fêtards nocturnes, et le barman d’â côté de l’hôtel sonne à la porte et parlemente à notre place. Je ne me voyais pas rechercher mon propre hôtel, situé à un kilomètre dans le dédale de l'obscurité vénitienne. On nous ouvre, et ô surprise, la personne d'accueil de nuit parle français et nous dit que l’hôtel est complet ! Je lui explique mon cas, et lui demande si je ne peux pas dormir dans la même chambre que mes "amis". Il me l’accorde, moyennant supplément et j’aurai même droit au petit déjeuner. La chambre est grande, contient un grand lit de 160, un lit à une place de 90 et un canapé. Je vais donc dormir sur le canapé, dans mon "sac à viande" que j’ai précautionneusement apporté, auquel j’ajoute une couverture trouvée dans l’armoire. Je me prépare très vite, me mets en pyjama, me brosse les dents, installe mes bouchons auriculaires, mon bandeau sur les yeux, et les laisse procéder à leurs agapes, en sombrant illico dans le sommeil !


                                                le Palais des Doges, vu de notre gondole

Je pensais me lever tôt pour commencer à visiter Venise, mais je me réveille seulement à 8 h 30 le matin. Les ados dorment, Nadia se lève aussi, et nous allons petit déjeuner (du moins moi), emportant chacun un sac pour le remplir discrètement de choses (pain, biscuits, gâteaux, yaourts, confiture, fruits, etc.) pour mon pique-nique de midi et pour leur petit déjeuner du lendemain qu’ils effectueront tous trois pendant la nuit, tandis que je dormirai comme un bienheureux ! Je savais qu’ils faisaient le "ramadan" et que ça pouvait apporter quelques complications pour notre séjour. Mais finalement, tout s’est bien passé. Et ça ne nous a pas empêchés de manger au restaurant le soir après le coucher de soleil, puis chez le glacier où ils se sont offert tous trois d’énormes glaces de différents parfums (je n’aime pas ça et donc ça ne me prive pas, par contre mes pennes à l’arrabiata étaient succulentes).

                                dans le vaporetto, une jeune touriste chinoise pousse un roupillon

Le jour même, j’ai profité d’un moment de l'après-midi où tous trois faisaient la sieste (qui dura trois heures) pour aller rechercher mon hôtel (qui en fait était une "guest house") pour annuler ; ils ont accepté de bonne grâce sans me faire payer. Et j’avoue que je ne l’aurai jamais trouvé dans la nuit, tant le numéro et l’écriteau sur la porte étaient tout petits ! Et je pensais au texte que j’avais trouvé dans le livre de Rachid Benzine, Ainsi parlait ma mère (Seuil, 2020) : "Je dois rester dans le maintenant, me nourrir de chaque instant, de chaque sourire, faire de chaque moment une éternité. Je dois être là. L’après me rattrapera bien un jour. Mais pas tout de suite… pas aujourd’hui". 

 

                  dans la matinée, nous assistons au chargement des poubelles dans le bateau ad hoc

                                    (puisqu'ici tout se fait en bateau)

La suite au prochain numéro !


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