vendredi 28 janvier 2022

28 janvier 2022 : femmes à Cuba


Oui, chère Zé, il y a des hommes bons, des hommes qui éprouvent des sentiments puissants, et qui sont fidèles en amour, loyaux envers leur amour ; même si on nous traite d’idiots.

(Zoé Valdés, Un amour grec, trad. Aymeric Rollet, Arthaud, 2021)



Ne pas croire que je lis toujours des livres difficiles, des romans tortueux, des poèmes abscons, des essais politiques et sociaux, ou des ouvrages sur la condition des plus défavorisés, en particulier des migrants. Il m’arrive aussi de lire des livres légers, des bluettes même, car j’ai toujours aimé les romans d’amour, qu’ils finissent mal ou bien.


Zé, une jeune cubaine de quinze ans, avoue à ses parents qu'elle est enceinte d’un beau mousse grec de la marine marchande qu'elle a rencontré l'a séduite sur le port de La Havane et qui l'a séduite. Mal lui en prend : elle est aussitôt rouée de coups violents par son père Gerardo et sa mère Isabel est blessée en tentant de la protéger. Elles s’enfuient toutes deux et trouvent refuge chez une amie de Zé, Osiris, une prostituée, surnommée "la pute des Grecs" ; elles décident ensemble de partir à Matanzas, chez la tante Adela (sœur d’Isabel) ; là, Zé pourra accoucher discrètement, reprendre ses études et élever son enfant, un garçon nommé Petros. Isabel ne rentrera plus chez elle, elle se met en ménage avec Osiris, et toutes deux restent avec Adela. Élevé par des femmes, Petros deviendra un grand musicien qui fera des tournées internationales. Entretemps, Isabel s’est mariée avec Ignacio qui va considérer Petros comme son fils adoptif ; mais le couple divorce. Devenu célèbre, bien vu par le régime, Petros va permettre à sa mère de voyager et d'aller en Grèce, afin d’essayer de retrouver son amour adolescent qu'elle n'a pu oublier. Les retrouvailles seront décevantes, mais Zé, malgré son âge (49 ans), va trouver en Grèce un nouvel amour, Arsen, un homme bon qui lui dit la phrase citée en exergue.

Les femmes sont au centre de ce nouveau roman de Zoé Valdés, Un amour grec. La difficulté des couples dans un pays resté très macho malgré la révolution, la sororité et la maternité sont au cœur d'un parcours féminin tissé de violences, de déchirements et d'abandons. L’auteure n’est pas tendre envers son ancien pays, les difficultés d’y vivre dans la quotidienneté et le contexte politique parfois pesant (la scène pour que Zé obtienne son passeport) ; tout y rend la vie compliquée aux femmes, aussi bien mariées que célibataires, lesbiennes, prostituées, elles se battent comme elles peuvent et c’est ce qui donne un aspect réaliste à ce qui, à première vue, pourrait passer pour une histoire publiée dans Nous deux.

 

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