dimanche 18 avril 2021

18 avril 2021 : Migrants 8, toujours les migrants

 


L’accueil est un réflexe, un immédiat, comme une compétence de la société humaine qui surgit sous l’impact de l’inconnu, de l’imprévisible, uns distorsion soudaine qui renverse l’esprit, dépasse la peur, et mobilise des sources et des ressources bienveillantes.

(Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Seuil, 2017)


Voilà ce qui attend toute une partie de cette population migrante qui a atteint notre sol, des jeunes arrivés à 13, 14 ou 15 ans, qui ont bravé des conditions de voyage inhumaines (lire Boza !), qui ont été pris en charge par des bienveillants, des êtres humains courageux, des êtres décidés à prendre sur leur confort pour se mettre en danger, lancer une ou des pétitions, se battre contre l’administration hostile, glaciale et retranchée derrière ses lois et décrets – fussent-ils féroces, impitoyables, cruels, insensibles et sans cœur. Des jeunes qui se sont parfaitement intégrés dans un parcours scolaire, de formation professionnelle, de vie tout court : dès qu’ils ont dix-huit ans, ils ou elles reçoivent sans ménagement l’OQTF, l’avis de déportation qu’Ulrich Cabrel dénonce fort justement dans son livre.

Le collectif pour Madama s’insurge depuis plusieurs mois conte la décision administrative. Madama a obtenu le soutien des habitants, des associations, de ses condisciples et employeurs ? Rien n’y a fait. Le couperet est tombé. Résultat, plutôt que d’attendre que la police vienne le chercher, Madama a préféré fuir, disparaître, se mettre hors-la-loi, devenir un SDF sans papiers, lui qui espérait devenir Français, comme c’était possible sous la Révolution française et sous la Commune de Paris. Honneur à ce fugitif ! Continuons à nous battre pour le sauver de la misère qui l’attend, et prions pour qu’il reçoive un accueil chaleureux là où il se trouve.

Mais ne nous faisons pas d’illusions ; il faudra se battre contre la pieuvre administrative et sa main de fer. La France qui maintient en prison indûment le révolutionnaire libanais Georges Ibrahim Abdallah depuis trente-sept ans, alors qu’il est libérable depuis plus de vingt ans, bafouant elle-même sa propre justice, nous fait honte aujourd’hui.


 

Voici le dernier texte du Collectif pour Madama :


LE TRIBUNAL A TRANCHÉ

EXPULSION ET INTERDICTION DE RETOUR !

Le Juge du Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand a rendu sa décision :  sans surprise, nous avons appris qu'il a rejeté la requête de Madama et donné raison au Préfet de Haute-Loire, Monsieur Étienne, qui a maintenant le feu vert pour arrêter, emprisonner, et expulser Madama à tout moment. 

Mais MADAMA A DISPARU !  Ses affaires sont encore là, à la maison,  -- ses vêtements, son cartable, son cahier d'écriture, son bleu de travail…  Mais lui est introuvable.  Nous ne savons pas où il est, nous ne savons pas si nous le reverrons un jour…

Douleur et amertume.

A l’heure où tout s’effondre et où nous, ses parents de cœur, sommes déjà la cible de représailles de la part des autorités…

Quel gâchis !  Alors qu’il avait tout, ici, pour mener une vie normale :  un contrat d’apprentissage, des patrons bienveillants au grand cœur, une scolarisation adaptée, des professeurs dévoués et compétents, l’amour du métier, une famille d’accueil…

C’EST AINSI QUE L’ÉTAT FABRIQUE DES CLANDESTINS.  

En toute légalité.

Est-ce qu’il n’y aurait pas dans ce pays des lois à changer ?  Et vite ?

 

À suivre...

 

 

 

 


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