mardi 24 juin 2014

24 juin 2014 : Il y a cinq ans déjà


Je suis venue là pour rêver
ne rien faire
mains ouvertes
pour ne rien prendre
rien blesser
parce que rien ne m'appartient
ni le monde
ni moi-même.
(Bernadette Throo, Le cristal des heures, Sac à mots, 2014)


Mathieu et moi sommes allés sur la tombe de Claire ce matin ; nous y avons déposé le poème qui suit :

je voudrais te donner cinq goyaviers en fleurs
sept sapotilliers aux fragrances subtiles
neuf hibiscus vibrant aux alizés
une île qui danse au son du gwo-ka
et mon cœur enraciné dans ton âme en errance
  
maintenant l’éternité te livre son secret
et je manque de mots et je manque d’images
et je me sens perdu dans un temps incertain
impuissant devant l'immensité de ce monde-océan
que Dieu a déserté

ô la force des arbres à pain sous ton regard
les lianes à l'assaut des arbres emmêlés
et le regain du soir toujours recommencé
on n'avait pourtant rien vu encore
le volcan se taisait

l'aimais-tu donc cette île d'Amérique 
avec son sable gris et ses fortins
et sa langue et ses lieux qui criaient dans la nuit créole
où parfois tu tremblais
elle t'a fait créer des figurines

maintenant me voici dans l'intranquillité de la terre immobile 
(et pourtant elle tourne)
armé de solitude et d'amitié farouche
criant ma colère dans l'ombre sourde du volcan-maladie
où l'abîme funèbre t'a endormie

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bel hommage, très touchant.